Les pertes vaginales font partie du quotidien des femmes. Elles apparaissent à la puberté et changent de couleur et de texture régulièrement. Fort utiles, elles participent au bon fonctionnement du vagin et nous renseignent sur notre état de santé. Alors il est temps d’analyser le fond de sa culotte !
Fluide naturel
Les sécrétions ou pertes vaginales sont des fluides non sanglants s’écoulant naturellement du vagin. En effet, elles sont produites par ce dernier et l’utérus tout au long de la vie hormonale d’une femme, de la puberté jusqu’à la ménopause. Bien sûr, certains fluides, tel que la cyprine qui est le signe physique du désir sexuel, continuent d’être sécrétés après l’arrêt du cycle menstruel. Parfois gênantes à cause d’une sensation de culotte mouillée, elles sont néanmoins normales et essentielles. Ainsi, les pertes vaginales donnent une indication sur l’hygiène intime, l’état de santé et sur le bon fonctionnement des organes génitaux. De plus, elles assurent une hydratation constante et une bonne lubrification du vagin.
On distingue deux types de pertes blanches, les leucorrhées physiologiques et les leucorrhées pathologiques. Les premières sont généralement blanches, transparentes et inodores et résultent de l’activité normale du corps. En revanche, les secondes sont colorées, parfois malodorantes et sont le signe d’une infection génitale. C’est pourquoi, il est important de non seulement connaître les différentes types de pertes vaginales mais aussi d’y prêter attention.
Pertes et cycle menstruel
Les pertes vaginales varient tout au long du cycle menstruel. Un changement de consistance et de coloration indiquant la période d’ovulation ou l’arrivée prochaine des règles. Ici, c’est la glaire cervicale, produite par les glandes endocervicales de l’utérus, qui entre en jeu. Composée de mucus, d’eau, de substances nutritives et enzymatiques, elle laisse passer ou non les spermatozoïdes.
Ainsi, quelques jours avant l’ovulation et une journée après, les pertes sont similaires à du blanc d’oeuf, c’est-à-dire transparentes, filantes et collantes. Durant cette période, la fertilité est maximale puisque le maillage de la glaire cervicale est relâché. À l’inverse, à la fin du cycle menstruel, les pertes vaginales deviennent plus épaisses et blanches. Rien d’anormal puisque la glaire cervicale vient boucher le col de l’utérus pour le protéger des bactéries et des spermatozoïdes. Si ces variations vous donnent des précieuses informations sur le stade de votre cycle menstruel, elles peuvent cependant être faussées en cas de contraception hormonale.
Par ailleurs, à l’approche des règles, il est possible que les pertes soient rosées ou brunâtres. Rien d’inquiétant puisqu’il arrive parfois qu’une petite quantité de sang se mélange aux sécrétions vaginales.
Pertes et grossesse
Bien souvent, la grossesse s’accompagne d’une modification des pertes vaginales. Dans un premier temps, certaines femmes peuvent perdre quelques gouttes de sang en fin de cycle. De couleur sépia, ces saignements n’ont pourtant rien à voir avec les règles. Effectivement, il s’agit d’un saignement d’implantation qui annonce le début d’une grossesse et plus précisément, la nidation du futur embryon dans la paroi utérine. À noter que ce phénomène passe souvent inaperçu.
Dans un second temps, la production massive de progestérone, d’oestrogènes et d’HCG va intensifier les pertes vaginales. Elles deviennent plus abondantes, plus épaisses et plus blanches. À partir du moment où elles ne s’accompagnent pas de démangeaisons et de mauvaises odeurs, tout va bien.
Pertes et déséquilibre de la flore vaginale
Le saviez-vous ? Le vagin possède une étonnante fonction auto-nettoyante ! Les sécrétions vaginales le protège des infections en éliminant les microbes et les mauvaises bactéries. De plus, elles favorisent un bon équilibre de la flore vaginale. Ainsi, une modification soudaine des pertes peut être le signe d’un dérèglement tel qu’une mycose vaginale.
Très fréquente et bénigne, cette infection se déclenche lorsque les champignons, les candidas albicans prennent le dessus sur les bonnes bactéries, les lactobacilles. Des démangeaisons, des irritations et des rougeurs de la muqueuse vaginale sont les principaux symptômes de la mycose. Mais pas seulement. Elle provoque aussi des pertes vaginales abondantes, très épaisses avec une couleur proche du yaourt ou du lait caillé. Heureusement cette infection se soigne facilement à l’aide d’ovules antifongiques, de probiotiques et de remèdes naturels.
En revanche, si ces pertes s’accompagnent d’une mauvaise odeur, similaire à du poison pourri, c’est qu’il s’agit plutôt d’une vaginose bactérienne. D’autant plus, si elles prennent une coloration grise. Contrairement à la mycose, cette infection est provoquée par une prolifération de mauvaises bactéries et se traduit par un profond déséquilibre de la flore vaginale. Généralement certains facteurs accentuent le risque de vaginose tels que des changements hormonaux, des antécédents de MST ou encore le port du stérilet. Dans ce cas vous devez consulter un.e professionnel.le de santé assez rapidement pour obtenir un traitement antibiotique adapté.
Pertes et sexualité
Si les pertes vaginales assurent une bonne lubrification du vagin au quotidien, elles s’accentuent néanmoins en cas de désir sexuel. En effet, sous l’effet de l’excitation, les glandes de Bartholin, situées dans la vulve, produisent de la cyprine. Translucide, cette sécrétion procure une sensation de culotte trempée et d’humidité. Ce fluide, constitué majoritairement d’eau, d’urée et d’acide lactique, facilite les relations sexuelles.
Par ailleurs, les rapports augmentent souvent les pertes vaginales. Rien d’étonnant puisque le vagin évacue ce dont il n’a pas besoin comme le sperme ou le lubrifiant. Bon à savoir : cette évacuation peut se produire plusieurs heures après vos ébats et se traduire par l’émission d’un liquide visqueux et blanchâtre.
Néanmoins, des pertes s’accompagnant de douleurs pelviennes, de rougeurs et de brûlures quelques jours après un rapport sexuel doivent vous alerter. Surtout si elles sont jaunes, purulentes et malodorantes. Malheureusement, elles peuvent indiquer la présence d’une infection sexuellement transmissible, ou IST. La plupart du temps une chlamydia ou une blennorragie. Ces IST se soignent bien mais ne doivent pas être prises à la légère. Notamment parce que lorsqu’elles sont traités trop tardivement, elles favorisent la stérilité. Consultez donc rapidement un.e professionnel.le de santé et prévenez votre ou vos partenaires. Ce moment risque d’être gênant pour vous mais la santé d’autrui passe avant tout. En outre, la meilleure façon de se protéger des IST reste l’utilisation du préservatif et le dépistage régulier.
Photo © Polina Zimmerman