Adepte de la pratique sportive et attirée par la santé, Virginie poursuit les opportunités. De maître-nageuse, à un doctorat en sciences du sport en tant qu’ingénieure en R&D au sein de Décathlon, elle finit par se perdre. C’est l’appel du terrain et la découverte du coaching qui lui donne envie de développer son propre projet d’accompagnement global des femmes souffrant d’obésité et touchées par le cancer du sein.
Quel a été le déclic ?
Différentes expériences m’ont amené vers ce projet. La participation à des protocoles de recherches autour de différentes pathologies, une partie liée à l’enseignement et notamment, une rencontre bouleversante avec une femme atteinte d’obésité. Naturellement j’ai pris conscience de l’importance de l’accompagnement global. De plus, j’ai eu l’occasion d’intégrer une piscine municipale en tant que maître-nageuse avec la chance de créer et développer un projet pour accompagner des femmes atteintes de pathologies autour de la pratique aquatique et des ateliers de coaching.
J’ai senti que je revenais à l’essentiel, au cœur de la problématique et sur le terrain. J’ai pris conscience que je devais me servir de mon doctorat, de mon parcours dans les sciences du sport pour créer un projet pluridisciplinaire autour du corps et de l’esprit. Je voyais les bénéfices côté corps avec l’APA (activité physique adaptée) mais je sentais qu’il manquait quelque chose. L’associer avec le coaching pour le côté esprit pouvait être une piste. Développer ces deux pratiques ensemble au sein de la piscine municipale a été l’occasion de vérifier l’approche. J’ai ainsi pu tester la prise en charge par le coaching, avec des ateliers de coaching collectifs mais aussi par la pratique aquatique.
Quelles sont les pathologies que tu accompagnes ?
J’accompagne des femmes souffrant d’obésité et des femmes atteintes de cancer du sein. Ce fût un choix au fur et à mesure de mon parcours de me concentrer sur ces deux pathologies et sur les femmes. De plus, la demande de la piscine municipale était majoritairement plus féminine et, par rapport au cancer du sein, le besoin s’est créé avec beaucoup de sens. Ce sont deux pathologies complexes, liées à de nombreux facteurs, indirectement ou directement liées à la mort et qui je pense font un écho à une forte envie de vivre. Ce qui a déclenché mon envie d’accompagnement.
Quel type d’accompagnement proposes-tu ?
Je propose des parcours de trois à neuf mois qui se définissent en plusieurs étapes. Je commence par un entretien individuel initial pour comprendre les motivations et objectifs de la personne ainsi que d’évaluer sa condition physique. S’ensuit une intégration au parcours aquatique avec une séance d’activité dans l’eau par semaine et en parallèle, toutes les deux ou trois semaines, un atelier de coaching collectif. Puis, un suivi avec un entretien individuel vers l’autonomie à mi et fin de parcours. Les deux approches sont très liées, grâce à l’activité aquatique et la mise en action du corps, on peut analyser en coaching par exemple, la gestion de l’effort. Cela traduit également le respect ou l’écoute que l’on a pour soi. En plus d’être bénéfique physiquement, l’APA est un outil de lecture que l’on va utiliser lors du coaching.
Comment fais-tu le lien entre l’activité aquatique et le coaching ?
En analysant une séance aquatique, que se passe-t-il dans l’eau? Comment ai-je ressenti l’effort, me suis-je écoutée, respectée? Travailler ces thématiques en coaching va permettre de ré-ancrer de nouvelles habitudes pour améliorer les séances suivantes. Le coaching permet de mieux connaître son mode de fonctionnement, de renforcer l’estime, la confiance en soi et d’apprendre des outils dont les femmes pourront se resservir seules par la suite. L’idée est également de pouvoir s’approprier la pratique dans l’eau, selon ses douleurs et ses capacités.
Car le but est d’avoir des exercices adaptés, individualisés et surtout des clés pour être autonome dans un autre cours par exemple. Mon objectif n’est pas que les personnes restent éternellement en accompagnement. Celui-ci doit durer un an maximum pour ensuite ré-intégrer l’activité physique dans leur quotidien, leur hygiène de vie et engendrer de nouveaux comportements et habitudes. Je souhaite que ces femmes puissent se reconnecter à elles de façon globale. Une approche tête, cœur et corps où le plus important à mon sens est de se réconcilier avec sa tête pour être ensuite en harmonie avec le cœur et le corps.
Cet accompagnement peut-il être prescrit par le corps médical ?
Par rapport à la prise en charge globale, avec ce lien tête, cœur et corps nous sommes un peu en retard par rapport à d’autres pays comme le Canada par exemple. En France, l’activité physique adaptée pour des ALD (affection longue durée) peut-être prescrite par le médecin généraliste, mais n’est pas remboursée par la sécurité sociale. Par contre, certaines mutuelles peuvent prendre en charge une partie de la pratique en APA tandis que le coaching ne rentre pas du tout en compte.
J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’intervenir à un congrès en binôme avec un médecin autour de la sensibilisation des professionnels de santé à la prescription de l’APA. L’idée est de créer du lien entre le corps médical et les enseignants en APA (EAPA) pour travailler ensemble pour apporter un réel suivi à la personne et créer un lien de confiance entre les différents acteurs.
Est-ce que tu as le sentiment d’encore apprendre et évoluer ?
Bien sûr, tout le temps et au quotidien! Même les femmes que j’accompagne m’apprennent en permanence car les séances en aquatiques ou en coaching sont toujours différentes. Je dois également personnellement continuer à apprendre régulièrement, me former pour évoluer et m’adapter au mieux. Je suis régulièrement supervisée en coaching, je fais également partie de groupes référents pour ne pas rester sur mes acquis et je crois beaucoup en l’intelligence collective ! De plus, j’aime le renouvellement et ainsi faire évoluer mes séances et mon approche pour éviter la monotonie.
Est-ce que tu as des modèles, des sources d’inspiration ?
Je pense qu’il y a eu plusieurs phases. A un moment donné cela est passé par les livres puis par la suite par les rencontres.Les rencontres me nourrissent énormément et j’adore rencontrer, découvrir de nouvelles personnes. J’ai eu la chance de rencontrer de nombreuses personnes inspirantes au cours de nombreux voyages mais également au quotidien. Mes idées, mon intuition proviennent d’ailleurs beaucoup de ces rencontres. En terme de modèle, j’apprécie également le parcours d’entrepreneurs tels qu’Emmanuelle Duez qui a une posture très inspirante.
Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?
Cela fait une dizaine d’années que j’accompagne des personnes malades, notamment des adultes et j’ai de plus en plus envie de me tourner vers les jeunes avec l’envie de travailler autour de la prévention. Si étant jeune, nous apprenions à nous connaître, à nous reconnecter à nous-même, à identifier les facteurs de stress, nous développerions peut-être moins de pathologies. Le modèle que j’ai créé pour les femmes, je souhaiterais l’adapter pour les jeunes. Aujourd’hui je propose du coaching pour les jeunes mais pas encore d’APA, ce que je souhaiterais instaurer par la suite pour associer les deux.
Le projet que je porte actuellement autour de l’accompagnement des femmes, j’aimerais pouvoir le diffuser. Le proposer autant aux femmes qu’aux hommes. L’ouvrir à d’autres pathologies. Y aller étapes par étapes et le proposer à plusieurs piscines municipales. Je m’adresse pour l’instant aux piscines privées et je n’ai pas le retour que j’avais lors de mon expérience avec la piscine municipale qui souhaitait travailler avec ce type d’accompagnement. Le fait de toucher toutes les catégories socio-professionnelles à moindre coût avait beaucoup de sens pour moi. Cela signifierait également transmettre et partager mon concept. Et dans un futur plus lointain, je souhaiterais créer et accueillir des familles sous forme de séjour. J’accompagne les femmes, les jeunes et l’idée serait de faire le lien avec la famille pour accompagner l’individu dans le collectif avec une dimension holistique. Le modèle serait de se reconnecter à soi individuellement pour aller vers le collectif.
Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?
Oser aller plonger à l’intérieur de soi, oser jeune et oser le plus rapidement possible. Car une de mes convictions est que le monde extérieur est le reflet de notre monde intérieur. Si je regarde la société aujourd’hui, elle soulève la question de nous aimons-nous vraiment à l’intérieur ? Ma perception du monde serait d’ouvrir à tous les possibles.