Pauline Dehecq, fondatrice de Mademoiselle Biloba

Pauline fondatrice de Mademoiselle Biloba
Pauline fondatrice de Mademoiselle Biloba
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Après plusieurs expériences dans la cosmétique naturelle, l’aromathérapie, le bio et la cosmétique de masse, Pauline est rattrapée par l’envie d’entreprendre. À la tête du concept d’ateliers, boutique et eshop Mademoiselle Biloba, elle nous raconte son engagement pour la cosmétique naturelle.

Quel a été le déclic ?

À la base, j’avais un autre projet que celui de Mademoiselle Biloba, avec mon mari et une autre personne. Nous avons travaillé 6 mois sur ce projet, en lien avec le web avant que cette troisième personne n’abandonne. Or cette personne était développeur web et sans elle, le projet avait beaucoup moins de sens. À cette époque, j’étais incubée dans une ruche d’entreprise. En discutant avec la personne qui m’accompagnait, j’ai réfléchi à me lancer seule dans l’aventure, avec le projet de Mademoiselle Biloba. Projet dont j’avais déjà des bases et des recherches depuis mes études d’ingénieure agronome.

Je me suis alors inscrite à des formations pour mener des ateliers de cosmétique naturelle et j’ai cherché un local. En deux mois, j’ai trouvé le lieu où nous sommes actuellement. J’ai un peu foncé, sans trop réfléchir, mais je n’avais pas quitté des expériences valorisantes pour ne rien faire. De plus, au début il est dur de se dégager un salaire, je devais donc me lancer rapidement, surtout que la fin de mes indemnités approchaient. Dans un précédent poste au Canada, j’avais eu du temps pour réfléchir à la cosmétique naturelle et réaliser de nombreuses études de marché. Là, il était temps de se lancer vraiment sur le terrain car j’avais assez théorisé.

Comment s’est développé le projet ?

J’ai beaucoup discuté, réalisé des ateliers chez moi, écouté les retours des personnes et je sentais un engouement. Nous étions en 2015 et j’ai ouvert Mademoiselle Biloba en mars 2016, avec l’idée de proposer un atelier des chefs, mais de la cosmétique naturelle. Le développement de la boutique s’est imposé avec les retours concernant les ingrédients nécessaires à la réalisation des produits lors des ateliers. Comment et où se procurer le matériel et les matières premières nécessaires? À l’époque, les cosmétiques DIY et surtout Aromazone n’était pas encore si connu, ni implanté à Lille.

De plus, lorsque j’ai trouvé le local il y avait ces deux espaces distincts qui se prêtaient à ce concept, à la fois d’ateliers et de boutique. Bien sûr, au début j’étais seule et je devais fermer la boutique lorsque je menais un atelier. C’est pour cela que le concept était très axé sur les ateliers à la base avant que je découvre l’attrait des gens pour la boutique. Mon mari venait m’aider le samedi et nous avons vu que la boutique prenait de l’ampleur et aujourd’hui d’ailleurs, Mademoiselle Biloba est plus une boutique qu’un concept d’ateliers.

D’où vient ce nom, Mademoiselle Biloba ?

L’inspiration vient du ginkgo biloba, qui est un arbre dont les propriétés anti-oxydantes, anti-âges et veinotoniques sont largement utilisées en pharmacie et en cosmétique. De plus, c’est le seul arbre qui ait résisté à Hiroshima. Un arbre des plus anciens sur terre avec ainsi une forte symbolique. Et le lien avec “Mademoiselle”, plus simplement car le concept s’adresse plus à une clientèle féminine.

Les ateliers, la boutique, le e-shop, un livre également, qu’est-ce qui te plait le plus aujourd’hui ?

Ce qui me plaît le plus, et c’est la raison pour laquelle j’ai créé mon entreprise, c’est le côté créatif, entrepreneur. Pouvoir lancer des projets, avoir des idées, les mettre en place. Il n’y a pas vraiment de partie qui me plaise le plus car je suis quelqu’un qui s’ennuie rapidement. Une fois que j’ai maîtrisé une activité, j’ai besoin de passer à autre chose pour ne pas m’ennuyer voir déprimer tellement cela me reste en tête. J’aime la diversité, et parmi les projets, comme j’ai pu passer la main sur les ateliers, je m’intéresse beaucoup au web. Apprendre quotidiennement, surtout avec le contexte actuel où il faut sans cesse se renouveler et trouver des solutions.

Pauline et son livre ” Ma cosmétique minimaliste

Que t’apporte l’expérience Mademoiselle Biloba ?

Ce projet m’a apporté énormément de connaissances dans de nombreux domaines. Au niveau de la cosmétique naturelle, car même si j’ai une formation scientifique, je reste autodidacte sur cette partie-là. Je pense qu’aujourd’hui je maîtrise véritablement, les besoins de la peau, la composition des cosmétiques etc. Avec le métier d’entrepreneur, on pourrait presque dire que l’on excelle dans rien mais que l’on maîtrise beaucoup de domaines différents. 

Maintenant j’ai des connaissances en ressources humaines, en comptabilité, en web, en développement, référencement naturel, réseaux sociaux bref beaucoup de secteurs variés. Par contre, cela peut rester un peu frustrant car l’on a forcément ses affinités. Je suis meilleure en communication qu’en comptabilité ! Et je pourrais être meilleure en communication mais je n’ai pas le temps car je dois gérer tous les autres secteurs également. Je pense que je suis aussi plus directe et moins dans la réflexion contrairement à mon expérience de chef de produit qui reposait sur l’analyse, les tableaux excels et powerpoint. En tant qu’entrepreneur, il faut passer à l’action rapidement. On réfléchit bien sûr, mais si l’analyse est trop longue, tu ne fais pas de chiffre d’affaires. 

Quel a été le regard des autres par rapport à ce projet ?

Plutôt bien perçu, après ce n’était pas une surprise pour ma famille qui me connaissait. Plus de surprise dans mon entourage amical, où les personnes ayant fait les mêmes études que moi, pour le côté financier. À l’époque j’avais une sécurité financière avec un poste où je gagnais bien ma vie, donc pourquoi se casser la tête et diviser son salaire par trois ? Quand on est loin de l’univers de l’entrepreneuriat, on peut se demander pourquoi je fais ça. Ce qui me pousse à entreprendre, c’est d’avoir quelque chose qui corresponde à mes valeurs. Et cela était plus fort que tout au final. Entreprendre est un tout qui comprend différentes choses et c’est cela qui peut être plus difficile à exprimer à son entourage. Et en effet, l’enjeu financier est peut-être la seule chose qui peut me faire douter, avec parfois un sentiment d’infériorité. Il arrive de me demander est-ce que j’ai fait le bon choix ?

Est-ce que tu as l’impression de t’être trompée justement ?

C’est difficile à dire. Parfois tu te demandes, mais pourquoi je fais ça ? Et parfois, cela te paraît évident. Après, il y a souvent la conviction que cela va marcher. D’ailleurs, il faut avoir cette conviction sinon on arrête rapidement car la situation est trop dure et difficile à tenir si l’on pense que cela ne va pas fonctionner. Cela dépend du moment, mais apparemment c’est propre à l’entrepreneur de ressentir ces montagnes russes. Et lié à l’insécurité financière, tant que l’entreprise n’a pas atteint un certain seuil, cela peut-être pesant. On se pose aussi la question si la vie familiale ne serait pas meilleure avec un job “classique”.

Est ce que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ? 

Je suis beaucoup le parcours de Pauline Laigneau, la fondatrice de Gemmyo, une marque de joaillerie. Elle anime un podcast très intéressant et est une entrepreneure à succès. Cela fait très longtemps que j’écoute des podcasts, depuis ma période au Canada où ce type de contenu est très populaire. Je faisais beaucoup de route et le podcast s’est imposé, dont ceux liés à l’entreprenariat et entre autres, le sien. Elle donne des conseils très terre à terre, très terrain et m’inspire pas mal. Je lis également des livres sur le sujet et où chaque entrepreneur possède un talent qui va t’inspirer. Je pense qu’il faut pouvoir puiser l’inspiration grâce à différentes personnalités.

Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?

Lorsque j’ai créé Mademoiselle Biloba, je souhaitais développer plusieurs boutiques. Je n’y suis pas encore arrivée et cela a été pas mal stoppé avec la crise sanitaire. Aujourd’hui, on aimerait transformer une partie de l’espace atelier en cabines de soin pour tester cette partie soin. Le projet est donc de développer davantage le site web, le format soin, naturel et bio toujours, et à terme avoir mon propre spa. Mais le concrétiser ailleurs car j’aimerais déménager du Nord.

En effet, cela fait un moment que j’ai envie de partir sans laisser tomber la boutique actuelle mais elle doit pouvoir tourner toute seule. J’ai dû mal à rester dans un lieu fixe et cela devient un peu frustrant car la boutique n’était pas mon projet initial. Les ateliers de cosmétique naturelle m’ont aidé à démarrer, la boutique est apparue car il y avait une demande tout comme le web et aussi de par mon attrait pour ce domaine. La cabine de soin est une idée que j’ai depuis longtemps, qui m’intéresse et où le naturel et le bio ne sont pas encore présents à Lille. La finalité serait de ne pas être attaché à un lieu car j’aime pouvoir avoir plus de liberté de ce côté là.

Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu ?

Je suis plutôt utopiste et j’ai donc du mal à comprendre pourquoi les gens ne font pas les bons choix. J’aurais envie de laisser un message pour dire aux gens de se responsabiliser. J’ai le sentiment que l’argent est le moteur de tout et de beaucoup de gens. Le principal est oublié… Peu de personnes prennent en compte les critères écologiques, éthiques etc. À la fin de la vie, je pense qu’il nous reste plus ce que l’on a fait plutôt que l’argent gagné.

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