Karmadirladada – Interview de Maryne Berteloot – Sa fondatrice

Alors qu’elle travaille dans la grande distribution, Maryne est victime d’un accident du travail. En arrêt avec une douleur persistante à l’épaule, elle se sent bloquée et ne sait pas ce qu’elle veut faire de sa vie. Jusqu’au jour où elle découvre le tufting et le plaisir de créer un tapis de ses mains. Aujourd’hui elle a transformé sa passion en entreprise en donnant naissance à sa marque Karmadirladada. À travers laquelle elle propose des créations uniques et colorées.

Avant d’entrer dans le vif du sujet c’est quoi le tufting ?

Le tufting consiste à tendre une toile sur un cadre et venir y taper de la laine à l’aide d’une machine que l’on appelle tufting gun. Ce dernier va couper des petits bouts de fils qui mis ensemble vont former un tapis. Ensuite on applique une colle, un tissu de finition et on rase le tapis afin d’obtenir un joli rendu.

Ce qui est chouette avec le tufting c’est qu’on peut réaliser n’importe quelle création à partir du moment où elle rentre dans la toile.

Comment a commencé ta passion pour le tufting ?

J’ai travaillé dans la grande distribution, où on en demande toujours plus aux salarié.e.s. La cadence était infernale, si bien qu’un jour, où l’on était en sous-effectif au magasin, j’ai eu un très gros accident du travail. Résultat je me suis retrouvée chez moi en arrêt de travail avec des douleurs persistantes à l’épaule et des séquelles sur le long terme.

Pendant ce temps, j’ai commencé à réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. En sachant que je ne pourrais pas retourner dans la grande distribution. D’abord parce que mon épaule me faisait souffrir mais en plus parce que ce travail ne m’épanouissait pas du tout. J’ai obtenu une rupture conventionnelle à la suite de laquelle j’avais pour projet de faire une formation en sophrologie.

Le hasard a fait que je n’ai pas été retenue pour l’école… Et de mon côté, je commençais vraiment à tourner en rond à la maison et à ne pas savoir ce que je voulais faire de ma vie. Pour ne pas devenir cinglée, j’ai eu envie de m’occuper à nouveau les mains et l’esprit. Comme je voulais un grand tapis pour mon salon qui ne sorte pas d’IKEA, j’ai regardé des filles faire du tufting sur TikTok… Si elles pouvaient le faire, pourquoi pas moi ? J’ai donc acheté mon premier tufting gun avec l’idée de le revendre une fois mon tapis réalisé. Sauf qu’une fois reçu et essayé, je ne l’ai plus jamais lâché…

J’ai vraiment eu un déclic en réalisant mon premier tapis. Notamment parce que le tufting ne me faisait pas mal à l’épaule et qu’en cas de fatigue, je pouvais m’arrêter quand je le voulais. Et puis tout simplement j’adore ce truc ! (rires)

Comment en es-tu venue à la création de ton entreprise ?

Au départ, je n’avais vraiment prévu de faire un tapis pour moi et peut-être un ou deux pour mes copines puis de revendre la machine. À l’époque j’avais un compte Instagram, qui ne marchait pas, où je partageais des citations good vibes. Venant de découvrir ma passion pour le tufting, j’ai eu envie de mettre une photo d’une de mes créations. Cela a tout de suite plu. Donc j’ai supprimé toutes mes citations, j’ai aussi lancé un compte TikTok et j’ai partagé mon quotidien de tufteuse.

Au bout d’un moment, ma communauté s’est vraiment agrandie et certaines personnes me demandaient combien je vendais mes tapis. En me renseignant un peu, j’ai découvert que je pouvais vendre un peu sans être déclarée auto-entrepreneuse. Je me suis lancée, en vendant mes tapis à des prix dérisoires, et progressivement cela a pris de l’ampleur. Et à un moment j’ai vraiment eu envie d’en faire mon activité.

J’ai fait un deal avec mon copain (et aussi avec moi-même) : le jour où j’arrive à gagner plus d’argent en vendant mes tapis qu’avec mon chômage, je monte mon entreprise. On n’y croyait pas vraiment, c’était comme une blague entre nous « Maryne la Marchande de tapis », mais finalement, c’est arrivé très vite et j’ai lancé officiellement mon activité en septembre.

Pourquoi as-tu eu envie de créer ton propre site de vente ?

Alors je ne suis jamais passée sur une plateforme comme Etsy parce que lorsque les personnes achètent une création, elles ne retiennent pas le nom du créateur ou de la créatrice mais celui de la plateforme. Donc quand on leur pose la question ” il est beau ton tapis, tu l’as acheté où ?“, elles vont répondre “sur Etsy“…

Pourquoi Karmadirladada ?

Première raison, j’adore la chanson “Darla dirladada ” dans le film ” Les bronzés “. Or cette chanson est tirée d’un chant traditionnel grec qui vient d’une île grecque sur laquelle j’ai de la famille.

Deuxième raison : j’avais envie de rester dans l’esprit sophrologie, good vibes qui me parle beaucoup. Karma était donc le mot idéal.

Et puis je me suis dit que si les gens ne retenaient pas le nom, je leur chanterais la chanson ! (rires)

La spiritualité occupe une place importante dans ta vie ?

J’ai toujours baigné dans cet univers puisque, petite, ma mère tirait les cartes et ma grand-mère faisait sécher des plantes pour ses rituels.

Pendant un temps j’ai moi-même beaucoup tiré les cartes. Mais je me suis rendue compte qu’au plus on tire les cartes, au plus on voit dans celles-ci ce qu’on a envie d’y voir. J’avais l’impression d’être dans un cercle vicieux donc j’ai eu envie de me tourner vers le pendule. Et ce qui est fou, c’est que plus je l’utilisais, moins j’avais l’impression d’en avoir besoin. Par exemple, quand je me balade et que je pense à un de mes rêves, j’aperçois une coccinelle ou un papillon…Bref un signe que la nature, l’Univers, m’envoie pour me faire comprendre que je suis sur le bon chemin.

Ce côté un peu sorcière transparaît-il dans tes créations de tapis ?

Alors comme je fais essentiellement des tapis personnalisés, je ne peux pas y inscrire totalement ma patte. Même si je travaille depuis mon dessin, ce sont les client.e.s qui viennent avec leurs idées. Mais je me suis rendue compte que les personnes que j’attire me ressemblent beaucoup.

Dès le début, j’ai fait le choix de me montrer telle que je suis sur Instagram, les réseaux. Sans cacher mes goûts et mes valeurs. Résultat, ma communauté me ressemble et me suit.

Quelle est ta création préférée ?

Le tapis Frida Kahlo ! À la base je l’ai fait uniquement pour moi et finalement beaucoup de personnes l’ont adoré et ont voulu l’acheter.

J’adore cette femme, ce qu’elle inspire et ce qu’elle renvoie. Je la trouve incroyable que ce soit dans ses histoires d’amour, sa singularité, sa maladie… Une femme forte !

Maintenant que tu as lancé ton site et ton activité officiellement, comment te sens-tu ?

Depuis le lancement du site, j’ai vendu uniquement des portes-clés, des kits
et des cadres mais aucun tapis… Forcément je me suis un peu remise en question. J’avais peur que mes tapis ne plaisent plus… Alors qu’en fait non, c’est juste que les personnes veulent davantage de tapis personnalisé. Je l’entends, mais en ce moment je construis les bases de mon entreprise et cela passe par la constitution d’un stock prédéfini par exemple.

Il y a des jours où j’ai l’impression que je fonce droit dans le mur et où je regarde des annonces pour redevenir caissière (rires) ! Et d’autres où j’ai l’impression que je suis capable d’abattre des montagnes. Bien sûr j’ai peur, je ne suis pas seule dans l’aventure puisque je vis en couple et que l’on ne peut pas se permettre de n’avoir qu’un seul salaire. Mais en même temps c’est de la bonne peur puisque c’est celle qui te booste.

Quel serait ton rêve absolu avec ton entreprise ?

Au plus je vois loin, au plus je me dis que j’adorerais grandir au point de devoir recruter une personne pour m’aider. Et à terme j’aimerais énormément pouvoir donner des cours. Partager et transmettre ma passion à d’autres personnes au sein d’un espace safe et bienveillant.

Quel est le regard des autres par rapport à ton activité ?

Au début, mes proches étaient plutôt dans l’incompréhension ! Ils se disaient que c’était encore une de mes lubies (rires). Au fur et à mesure, ils se sont rendu compte que cela me tenait à cœur et qu’en plus cela fonctionnait et depuis ce moment, ils me soutiennent à 3000%. Mon meilleur ami m’a aidé à faire mon business plan jusqu’à 3h du matin, j’ai une amie qui aime, commente et partage absolument toutes mes publications sur les réseaux sociaux. J’ai un autre ami qui parle de moi à tout le monde, même à ses parents ! Et mon compagnon est mon plus grand fan, et il prend à cœur de m’aider le plus possible !

Et à côté de ça, il y a encore certaines personnes qui estiment que le tufting n’est qu’un hobby, une activité de plus le temps que mes douleurs à l’épaule passent mais pas un “vrai” travail.

Est-ce que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ?

Oui Frida Kahlo pour commencer. Et ensuite je trouve de l’inspiration dans chaque personne que je vais rencontrer. Tout et n’importe qui peut être source d’inspiration.

Et la suite, c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pros ? Des projets persos ?

Non pas vraiment parce que je suis plutôt dans le “un jour à la fois“. J’ai du mal à voir très loin car sinon mon côté rêveur prend le dessus. Or j’ai besoin d’être carrée, terre à terre dans ce que je veux pour la suite. Parce que soit je vais avoir la folie des grandeurs et je vais partir dans tous les sens. Soit la montagne va me paraître insurmontable et je vais renoncer…Je préfère gravir la montagne petit à petit.

Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?

Si tu as envie c’est possible ! Au plus tu vas être toi-même bienveillant.e, au plus tu vas attirer les bonnes choses. Plus tu vas donner, plus tu vas recevoir. Plus tu seras heureux.se, plus les personnes vont te renvoyer de bonnes ondes. C’est le principe du karma en fait. Tout ce que tu fais, va retomber sur toi. Donc essaye de faire le bien et un jour l’univers te le rendra.

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Tiphaine
Tiphaine

Avec un œil attentif sur les sujets liés à la santé physique et mentale, elle explore les différentes dimensions de l'équilibre féminin, qu'il s'agisse de nutrition, de soins corporels, de gestion du stress ou encore de développement personnel.

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