Gwendoline Dessi, fondatrice de Coco Frio

Gwendoline Dessi, fondatrice de Coco Frio
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Diplômée de l’École supérieure d’arts appliqués Duperré, Gwendoline Dessi commence sa carrière dans une maison de couture parisienne. Passionnée par son travail, elle y consacre toute son énergie. En 2015, elle se rend compte qu’elle rêve d’autre chose et décide de créer Coco Frio, une marque de maillots de bain éco-responsables fabriqués en Econyl®.

Quel a été ton point de départ ? Ton déclic ?

Ma réflexion a vraiment commencé après avoir passé trois ans et demi à travailler comme une folle pour une maison de couture. C’était mon premier emploi et vraiment je ne regrette pas car j’y ai tout appris. Néanmoins, j’étais très fatiguée. Comme nous étions une petite équipe, il fallait faire énormément de choses. Cela demandait beaucoup d’énergie et de sacrifices. Pendant cette période, je pouvais rarement aller en soirée ou en week-end. J’ai perdu de vue pas mal d’amis. Alors que j’étais dans la vingtaine, je n’en profitais pas vraiment.

D’ailleurs, à force, je ne savais plus faire que mon travail. Pendant mes rares jours de congés, je ne savais pas comment m’occuper. Je me sentais perdue. Au bout d’un moment, je me suis dit que ça ne pouvait plus continuer comme ça. Que j’étais jeune et qu’il fallait vraiment que je trouve un projet dans lequel je me sente épanouie.

À ce moment là, je savais que je voulais quitter mon travail. Le problème c’est que je ne savais pas quoi faire ensuite. J’ai toujours eu l’envie de créer ma boîte mais je n’avais pas d’idées concrètes. Finalement, j’ai profité de mes vacances en Sicile pour y réfléchir. J’ai eu le déclic sur la plage. J’étais allongée sur un superbe drap de bain offert par ma tante et je me suis dit “mais en fait c’est ça que je veux faire ! J’adore les vacances et l’été. Je vais créer une marque de maillots de bain et d’accessoires de plage.”

Pourquoi des maillots de bain ? Pourquoi Coco Frio ?

Ce qui est assez drôle, c’est que j’ai un ami qui m’avait dit “toi, je te verrais bien faire des maillots de bain “. Et à l’époque, je lui avais ri au nez parce que ce n’était pas du tout dans mes projets. Pendant mes études ou mon travail, je n’ai jamais conçu de maillots de bain. Cependant, je me souviens que le premier vêtement que j’ai créé à l’école Duperré était quand même un body. Mais c’est vraiment mes vacances en Sicile qui m’ont convaincue de faire des maillots de bain.

Pour le nom de la marque, j’ai trouvé assez vite. En fait, c’est un hommage à mon voyage au Mexique. La “Coco Frio ” c’est une noix de coco fraîche que tu bois au bord de la mer. Déjà avant de partir, cette boisson m’avait fascinée dans les films et les réseaux sociaux. Au Mexique, c’est un rêve devenu réalité. Sur la plage, il y avait des tas de charrettes pleines de noix de coco. Après ce voyage, “Coco Frio ” est devenu pour moi un adjectif pour désigner un mode de vie ou quelqu’un. Par exemple, “toi tu es solaire et marrant, tu es Coco Frio“. Donc au moment où j’ai vraiment réfléchi à ma marque de maillots de bain, je me suis dit que Coco Frio, c’était parfait.

Pourquoi cette dimension écologique ?

En fait, l’idée d’utiliser l’Econyl® pour mes créations est apparue au fil de mes recherches et de ma réflexion. Très récente, c’est une matière intéressante écologiquement parlant car c’est de la fibre de nylon 100% recyclée et recyclable. En 2016, je tombe dessus par hasard au fil de mes recherches de matières et je me dis “mais pourquoi personne ne l’utilise c’est génial !

À cette époque, on commençait à peine à parler de mode éthique et d’écologie. Moi-même, je n’avais pas envie de créer quelque chose d’extrêmement polluant. C’est pourquoi je me suis dit “parfait, je vais faire des maillots de bain et pour me différencier, je vais les fabriquer en Econyl®“. Au début, il s’agissait vraiment de se démarquer des autres. Alors qu’aujourd’hui ce concept de matière recyclée et recyclable est indissociable de Coco Frio. Mes clientes ne comprendraient pas pourquoi je n’utiliserais plus ce tissu à la fois écologique et confortable.

Comment te sens-tu maintenant que ton projet a vu le jour?

Aujourd’hui, je suis heureuse de m’être lancée et je suis fière de moi. C’est vrai que ces quatre dernières années, c’était un peu les montagnes russes. Quand tu te lances, tu ne t’attends pas à tout ça. Parfois je me dis “c’est génial ” et d’autres fois “mais qu’est-ce que j’ai fait? “. Je fais énormément de choses seule donc ce n’est pas facile tous les jours. Heureusement ma mère s’occupe de la logistique et de la comptabilité. Ce qui m’enlève le poids de la paperasse. De plus, je suis hyper organisée et c’est ce qui m’aide à avancer. Mon quotidien est intense mais j’ai ce luxe incroyable de pouvoir travailler pour moi.

Malgré la pandémie et cette année difficile, j’ai tenu le coup. Je suis ultra motivée pour 2021 et j’ai plein de projets pour faire grandir Coco Frio. De plus, j’ai enfin réussi à me rémunérer et ça c’est une première victoire parce que le but c’est quand même de pouvoir en vivre. Donc oui je suis très fière d’en être arrivée là mais je vois plus loin encore, et je vais tout donner pour faire prospérer Coco Frio.

Quel était le regard des autres par rapport à ton projet ?

Dans un premier temps, mon copain a été très surpris. Pendant les vacances, j’avais déjà commencé un carnet avec des croquis de maillots de bain, de paniers et de serviettes de plage. Au moment de se retrouver à la fin de l’été, je lui ai montré et je lui ai annoncé “voilà c’est ça que je vais faire et ça va s’appeler Coco Frio “. Sur le moment, il était étonné puis il m’a vite dit “Okay, vas-y “.

Puis en janvier, j’ai fait savoir à mon entreprise que je voulais partir. Tout le monde a été assez surpris. Mes parents ont eu peur. Ma mère paniquait à l’idée que je quitte un CDI sans avoir rien prévu par la suite. Leurs inquiétudes ne m’ont pas découragée, bien au contraire. J’avais envie de leur prouver que j’avais les épaules pour y arriver, que j’avais de vraies idées et que j’étais capable de monter un business plan.

Finalement, mes parents ont très vite changé d’avis. Ils sont rassurés et hyper fiers car le projet a abouti et ils voient que je travaille beaucoup pour faire avancer mon entreprise.

Par contre, mes amies ont été tout de suite très enthousiastes et d’un réel soutien quand je leur ai parlé de mon idée !

Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

J’ai appris beaucoup. Notamment, et ça peut paraître paradoxal, j’ai appris à prendre du temps pour moi. C’est vrai que lorsque tu es entrepreneuse, tu as envie de travailler 24h/24 et 7j/7. Malheureusement, c’est ce que j’ai fait au début. En 2019, j’ai travaillé 7j/7 pendant trois mois à l’occasion d’une boutique éphémère qui a duré beaucoup trop longtemps. À la fin j’étais épuisée voire même écoeurée. En fait, j’ai frôlé le burn-out alors que je réalisais mon rêve. Je suis allée consulter une étiopathe qui m’a rappelé l’importance de prendre du temps pour soi. Maintenant que j’ai mis en application ce conseil, je vois clairement la différence. En 2020, j’ai pu prendre plus de vacances que d’habitude (malgré la pandémie). J’ai profité du confinement pour faire du sport et de la méditation et je me sens beaucoup mieux.

Est-ce que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ? 

Mon inspiration première vient de mes grands-parents. Ce sont vraiment des modèles pour moi. Ils sont partis d’Italie très jeunes. Ma grand-mère avait seize ans quand elle a quitté sa famille. Et à l’époque, tu n’avais pas WhatsApp. Quand tu partais, tu ne savais pas quand tu allais revenir. Tout quitter pour arriver dans un pays dont tu ne parles pas la langue, c’est incroyable. Je suis impressionnée par la force avec laquelle ils ont construit la vie qu’ils nous ont donnée. J’aimerais que mes enfants soient fiers de moi comme moi je suis fière d’eux.

À chaque fois que j’ai des moments de mou ou de doutes, je pense à eux. Ils me donnent la force de me dépasser et d’aller plus loin

Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?

Côté pro, ce qui me tient à cœur c’est vraiment la croissance de Coco Frio. À très court terme, une stagiaire va bientôt me rejoindre, et à moyen terme, j’espère pouvoir créer un premier emploi !

Côté perso, avec mon copain on cherche un appartement pour pouvoir déménager en 2021 et avoir un plus grand chez nous. La recherche prend du temps car c’est une grosse étape pour moi. Je suis tout de même très attachée à mon appartement actuel, j’y ai passé plus de dix ans !

Il y a aussi une très belle surprise dont je ne peux pas parler pour le moment … mais le suspens ne durera plus très longtemps c’est promis !

Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?

Je dirais d’arrêter d’avoir peur de l’avenir et de faire un peu confiance à la vie. Il faut se dire que tout arrive pour une raison et que tout va bien se passer. En définitive, il s’agit d’être optimiste.

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