Sans projet professionnel précis en tête, Emeline se lance dans des études de langues puis de commerce et gestion des ressources humaines. Petit à petit, son envie d’entreprendre se fait sentir. Parce qu’elle a mille et une idées en tête mais de pas de projet fixe, elle décide de continuer son parcours étudiant puis professionnel. Jusqu’au jour où elle ne peut plus ignorer l’appel de l’entrepreneuriat et les signes que la vie lui envoie. Alors elle décide de fonder Homan, une plateforme qui propose des programmes initiatiques de bien-être.
Quel a été ton point de départ ? Ton déclic ?
Petite, j’adorais m’inventer des métiers. Je pense que mon envie d’entreprendre était déjà présente pendant mon enfance. Mais comme je suis née dans une famille issue du monde agricole avec des valeurs plutôt conservatrices tournées vers une vision traditionnelle du travail, je ne m’en suis rendue compte que très récemment. D’un côté, cette éducation m’a inculquée des valeurs fortes dont je suis fière. Et de l’autre, elle m’a aussi apportée beaucoup d’introversion et de croyances limitantes. Je me suis alors lancée dans des études de langues étrangères appliquées puis de commerce parce que j’avais de bonnes notes et l’intention d’aller loin mais sans savoir vraiment où j’allais.
Heureusement, j’ai adoré mes années à l’EGC de Lille. C’est une école très généraliste qui m’a permis d’acquérir des compétences en marketing, en gestion, en finance etc… Et j’ai vraiment été sensibilisée à l’entrepreneuriat. Après avoir rencontré plusieurs entrepreneurs, je me suis dit : ” c’est ce que je veux faire “. Par la suite, j’ai choisi mon parcours avec cet objectif en tête mais aussi l’envie de m’intéresser à la place de l’humain dans l’entreprise. Je me suis éclatée dans des stages très différents et une alternance en management de gestion des ressources humaines où j’ai appris énormément. J’ai terminé mes études avec l’envie d’entreprendre toujours présente sauf que je n’avais pas de projets. Enfin si, mille idées mais pas une fixe ou plus forte que l’autre. Donc j’ai pris le temps de trouver un job sans me précipiter et en continuant à me former à l’entrepreneuriat.
Durant une de ces formations, j’ai fait une rencontre qui a été un électrochoc. Une femme dans la quarantaine, très charismatique avec un beau poste. Elle semblait avoir tout pour elle et pourtant elle était en plein burn-out. À ce moment-là, je me suis dit ” C’est moi dans dix ans, si je continue à ce rythme là “. Parce que déjà à la fin de mon master, j’avais perçu les premiers signes de l’épuisement physique sans forcément les prendre en compte. J’ai vraiment eu une prise de conscience et j’ai décidé de prendre soin de moi et de commencer une psychothérapie. Grâce à ce suivi, j’ai pu comprendre qui j’étais et comment je fonctionne. Cependant, il manquait quelque chose. Comment utiliser tout ce savoir ?
En parallèle, j’ai trouvé mon premier boulot. Je suis devenue consultante formatrice dans l’accompagnement au changement culturel et comportemental pour les entreprises. Malgré la richesse du métier, au bout de trois ans je commençais à me poser des questions, à avoir envie de changement. Mon poste a évolué et j’ai tenu encore deux ans. Jusqu’au jour où mon instinct me pousse à demander une réduction de mon temps de travail pour réfléchir à un projet entrepreneurial.
Comment s’est passée cette réflexion ?
J’ai d’abord travaillé sur un projet de création d’espaces de coworking, avec une orientation bien-être. Parce qu’avec la psychothérapie, j’ai découvert l’hypnose, le coaching, le reiki ou la réflexologie. Tout au long de ces années, je me suis enrichie et j’ai progressé en terme de développement personnel. Pour moi c’était important de faire connaître toutes ces pratiques. J’imaginais donc un grand espace pouvant accueillir des séminaires mais aussi des professionnels du bien-être. Vraiment un lieu ouvert.
Puis, chemin faisant, cela s’est transformé en un lieu uniquement dédié au bien-être. J’ai rencontré différents praticiens et j’ai pu observer une problématique commune : le manque de moyens financiers et de temps. Alors pourquoi ne pas leur proposer des locaux à louer en temps partagé et un accompagnement dans le développement et la mise en place de leur service ?
Sauf que le Covid est arrivé…Prendre des locaux seule est devenu très risqué. Je me suis pas mal questionnée pendant six mois. J’ai alors eu l’idée de digitaliser le projet. En interrogeant les personnes que j’avais déjà rencontrées, je me suis rendue compte qu’elles se mettaient progressivement à la visio. Petit à petit, la plateforme Homan a pris forme dans mon esprit puis dans la réalité.
Quel est le principe de la plateforme Homan ?
Homan est une plateforme qui facilite l’accès au bien-être aux particuliers. L’idée est de proposer des programmes d’initiation au bien-être par le biais d’exercices ou de vidéos à réaliser ou à suivre chez soi en autonomie. Ce n’est ni du contenu purement théorique ni un annuaire de professionnels. Mais plutôt une première approche de la pratique et du praticien.
Je vois vraiment la plateforme comme un tremplin. Il y a tellement de personnes qui cherchent à prendre soin d’elles sans savoir comment faire ou vers qui se tourner. Ou alors qui n’ont pas envie de débourser 80€ la séance sans être sûres que la pratique va leur convenir. Le but ici est de faire découvrir, de tester et de mettre en relation via un programme de deux heures. À la fin, la personne décide de poursuivre, ou non, l’accompagnement avec le praticien. Et c’est à ce moment que la mission d’Homan s’arrête.
Pourquoi Homan ?
Pour être honnête, c’est le nom qui était prévu pour ma première idée de lieu dédié au bien-être. Je l’ai gardé parce qu’il était difficile à trouver mais aussi parce qu’il correspondait finalement bien à cette nouvelle version du projet. Homan vient de “Home“, le cocon, chez soi. C’était l’esprit que je voulais donner au lieu. Et ça marche toujours car on peut suivre les programmes à la maison. Ce nom désigne aussi l’humain et l’approche holistique du bien-être puisque le site s’adresse aux hommes et aux femmes et propose des pratiques axées sur le psychologique, l’émotionnel et/ou le corporel.
Pour finir, il y a un petit jeu de mot avec ” Oh man ! ” en mode ” bouge toi ! ” car je considère que nous sommes acteurs de notre bien-être. Nous pouvons tous vivre des épreuves difficiles, dans des contextes complexes, qui conditionnent nos comportements. Mais nous pouvons aussi agir pour apprendre à les adapter, changer nos réactions, accueillir autrement nos émotions, décider de prendre soin de nous en priorité… Par exemple, tu peux acheter un programme et ne pas le suivre par la suite. Donc l’idée derrière ” Oh man ! “, c’est de responsabiliser les personnes et de les pousser à être actrices de leur vie.
Qui prépare les programmes ?
Cela dépend des partenariats. Certains praticiens préparent le programme et les contenus en toute autonomie puis les livrent pour que je puisse les mettre en ligne. Mais l’essentiel de mes partenaires ont besoin d’être accompagnés sur la partie production de médias. Dans ce cas là, le praticien reste garant du contenu qu’il va présenter et il sera toujours face caméra. De mon côté, je les conseille sur comment s’exprimer et faire passer les messages. Et surtout je filme, je monte les vidéos, je met en forme les contenus écrits ou visuels avant de tout mettre en ligne sur la plateforme. Il s’agit vraiment d’une co-création où les praticiens sont garants du fond et moi de la forme.
Pourquoi ce désir de rassembler le savoir-faire de plusieurs praticiens ?
Mon envie principale est de faciliter l’accès au bien-être et je pars du principe que toutes les pratiques ne peuvent pas nous correspondre. Pour ma part, le yoga ne me parle pas vraiment. Et c’est ok parce que je vais plus me retrouver dans une pratique plus psycho-émotionnelle, car je fonctionne plus avec la tête. Si j’ai besoin de revenir au corps, je vais me faire masser ou je fais une séance de réflexologie.
Il existe plein de pratiques et ce n’est pas parce qu’une ne fonctionne pas que le bien-être n’est pas fait pour soi. Il faut simplement trouver la bonne.
Le but d’Homan est de proposer un panel de pratiques tout en y associant une thématique. La gestion du stress avec la réflexologie plantaire par exemple, ou la reconnexion à la joie grâce au yoga du rire.
Comment sélectionnes-tu ces praticiens ?
Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec les personnes que j’ai contactées durant mon étude de marché et avec qui j’ai gardé des liens. Ce qui est top car elles ont des pratiques différentes et elles suivent le projet Homan depuis ses débuts.
Mais je cherche aussi de nouveaux praticiens pour diversifier l’offre. J’accorde une importance particulière à ce qui différencie un praticien d’un autre. Généralement, je privilégie des personnes avec au moins deux ans d’expérience, qui ont eu le temps de s’installer et de se poser les bonnes questions en termes de valeurs, d’offre et de clientèle. Bien évidemment, je choisis des praticiens qui ont suivi des formations et/ou des certifications reconnues dans le métier. Il faut aussi qu’ils soient un minimum à l’aise avec le digital, avec une présence et une petite communauté sur les réseaux. Pour finir, tout est une question de valeurs partagées. Je rencontre la personne plusieurs fois avant de lancer le partenariat car je veux être sûre que nous partageons des envies et des valeurs communes. L’humain avant tout !
As-tu toi même suivi une formation de coach ?
Oui ! Depuis septembre je suis une formation de coach et je vais bientôt passer ma certification. À travers mon propre cheminement en développement personnel, le coaching a été un vrai coup de coeur donc je suis contente de pouvoir y revenir. Surtout que je m’éclate dans cette formation. Le but est de pouvoir l’utiliser en complémentarité de mon activité de formatrice, que j’exerce à côté d’Homan en freelance. Pourquoi pas proposer également un programme sur la plateforme et des accompagnements en coaching de vie ?
Qu’est ce que ce travail t’apporte au quotidien ? Comment tu te sens
Ces différentes activités, qui font de moi une entrepreneure multicasquettes, correspondent à ma personnalité. J’aime dire que je ne suis pas une passionnée ou experte dans un domaine, car tout m’intéresse. En fait je suis plutôt une passionnée de la découverte et de l’apprentissage. J’aime pouvoir développer Homan mais aussi pouvoir continuer mon activité de formatrice en entreprises, animer des conférences, pratiquer le coaching… cette pluridisciplinarité me correspond réellement et m’anime.
Je me sens libre aussi ! Et c’est génial car cette notion de liberté est très importante pour moi. Chaque jour, j’ai la possibilité de choisir ce que j’ai envie de faire et de laisser de côté, pour un temps, ce que je n’ai pas envie de faire. Savoir que j’ai le droit de dire non est libérateur. Sans oublier toutes les rencontres qui m’inspirent et m’enrichissent au quotidien.
Quel est le regard des autres par rapport à ce projet ?
Mes parents ont eu un peu de mal à se dire que je quittais un CDI confortable pour entreprendre. Ce n’est pas chose courante dans la famille et je comprends leur inquiétude. Mais cela ne les a pas étonnés pour autant puisque je parlais régulièrement de mon envie d’entreprendre. Ils étaient partagés entre la peur et la confiance, car ils ont toujours eu confiance en moi. Ce n’est pas toujours simple de ne pas pouvoir partager son quotidien d’entrepreneure avec des hauts et des bas, dans un domaine qu’ils connaissent peu. Mais petit à petit, ils s’intéressent de plus en plus à ce que je fais et de mon côté, j’ai réussi à prendre du recul.
Je peux aussi compter sur des amis qui m’apportent beaucoup de soutien. Qu’ils soient dans le milieu de l’entrepreneuriat ou non, je suis entourée de personnes ambitieuses, curieuses et inspirantes qui me motivent, me poussent et croient en moi.
Pour finir toutes les rencontres que j’ai faites au fil de mon projet m’aident beaucoup. C’est ça aussi l’importance du réseau. D’ailleurs, il ne faut pas être dans les faux-semblants et accepter de dire quand cela ne fonctionne pas encore ou mal. Car de cette façon on se sent moins seule, on avance et on célèbre ensemble les victoires.
Est ce que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ?
Je dirais la femme à qui je dois ma première prise de conscience. Elle a surmonté son burn-out et développé de la résilience. Mais également ma grand-mère maternelle qui s’est retrouvée veuve à quarante ans et qui a dû gérer une ferme et quatre enfants. Tout en s’impliquant dans diverses causes, dans des conseils d’administration, au sein de l’Église ou encore dans les activités de son village. Bien sûr mes amis qui ont réussi à réaliser leur rêve assez jeune. Je pense notamment à ma meilleure amie qui vit aux Etats-Unis et a un job de rêve. Ainsi qu’à celle qui a su construire une famille unie et donne chaque jour son maximum pour l’éducation de son fils. Ou encore, celle qui, seule, a toujours su se battre pour créer une vie professionnelle, sociale, culturelle remarquable, et surmonter les épreuves tout en étant là pour les autres.
Sans oublier tous les partenaires ou les personnes que je rencontre et qui ont un parcours de vie incroyable, ont vécu des événements traumatiques et ont su se relever.
Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?
Côté pro, j’aimerais développer une partie événementielle avec Homan. Pour l’instant, j’ai quelques idées mais pas encore de cadre ou de date en tête. Et il faut d’abord se concentrer sur la visibilité de la plateforme. Sinon je souhaiterais également intégrer la posture de coach et diversifier mon activité de formatrice. Oser proposer mes services en entreprise directement.
Côté perso, avant tout continuer à être accompagnée et à cheminer vers mon développement et épanouissement personnel. Car quand on est dans le bien-être c’est important de prendre aussi soin de soi. J’aimerais également beaucoup me trouver des passe-temps ou des loisirs différents de mon activité. Afin de pouvoir m’éclater, développer ma créativité et mes sources d’inspiration tout en prenant du temps pour moi.
Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?
On est tous dotés d’un potentiel énorme et on a tous en nous des ressources incroyables qui ne demandent qu’à être exploitées. Encore trop de personnes l’ignorent et je dirais qu’il faut oser aller creuser, chercher pour pouvoir s’affirmer et se révéler. Simplement oser être soi et pas seulement ce que les gens attendent de nous.