Clotilde Blas, fondatrice de Jolis Caprices

Clotilde Blas
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Avec un attrait prononcé pour le commerce et la mode, Clotilde Blas s’oriente vers des études de marketing. Alors qu’elle est chargée de communication, c’est l’achat d’une maison avec son conjoint qui la pousse à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Au rez-de-chaussée de cette demeure se trouve un ancien local commercial qui deviendra la boutique Jolis Caprices.

Quel a été ton point de départ ? Ton déclic ?

J’ai vraiment eu un déclic au moment de la découverte de cet ancien local commercial. En fait, j’avais déjà cet esprit d’entrepreneur et cette envie d’être à mon compte depuis longtemps. Cependant, je me disais toujours “non pas maintenant ” ou “attends d’avoir plus d’expérience professionnelle “. Lorsqu’avec mon conjoint, nous avons acheté notre maison, nous avions dans un premier temps, le projet de réaménager le local en espace de vie. Puis très vite, je me suis dit que cela serait vraiment dommage de ne rien faire de cette superbe vitrine. J’ai également eu le sentiment que si je ne me lançais pas tout de suite, je ne le ferais jamais.

Contrairement à la plupart des entrepreneur.se.s, je ne suis pas partie de l’idée mais du lieu. C’est l’existence de ce local commercial qui m’a offert l’opportunité de créer quelque chose. Il s’est passé deux ans entre ce déclic et la concrétisation du projet. Nous avons emménagé en octobre 2018 et la boutique Jolis Caprices a ouvert ses portes en septembre 2020. Finalement, au moment de l’achat de la maison, je ressentais déjà cette envie de liberté mais j’ai quitté mon travail beaucoup plus tard. J’avais besoin de temps pour faire mûrir mon projet.

Pourquoi un DÉPÔT-VENTE ?

Comme j’aime beaucoup la mode, je me suis tout d’abord dit que j’allais ouvrir une boutique de vêtements. J’ai donc commencé à travailler sur mon projet et à faire des recherches de fournisseurs dans cette optique. Mais au fil du temps, je sentais que quelque chose n’allait pas, me bloquait. Je n’étais pas forcément à l’aise avec le manque de visibilité sur les conditions de fabrication et de production des vêtements par exemple. Puis une amie m’a parlé d’un dépôt-vente à Lyon qu’elle fréquentait et qu’elle trouvait génial. Le concept m’a tout de suite plu. En effet, il regroupe tout ce que j’ai envie de faire et toutes mes valeurs, telle que l’écologie. Suite à cette discussion, j’ai creusé l’idée et j’ai fait le choix d’ouvrir un dépôt-vente.

Ainsi, les particuliers prennent rendez-vous pour déposer les vêtements dont ils ne veulent plus, puis je les sélectionne pour les mettre en vente. En fait, c’est un peu un service que je propose avec la boutique. Je suis l’intermédiaire entre la personne qui vend ses vêtements et celle qui les achète. Je n’ai pas de stock mais j’expose les vêtements que les gens déposent. Un peu comme Vinted sauf que je leur apporte la possibilité d’essayer et du conseil. Et c’est exactement ce que mes clientes recherchent.

Parce que c’est vrai que sur le marché de l’occasion, il y a d’un côté les plateformes de vente un peu fourre-tout qui ne donnent aucun conseil. Et de l’autre, les friperies qui vendent essentiellement du vintage. Avec le dépôt-vente, j’ai la possibilité de proposer des vêtements plus récents, plus tendances et de saison. De plus, la boutique est dans une gamme intermédiaire avec des marques connues. Il y a du Zara et du Promod mais aussi du Maje et du Comptoir des Cotonniers par exemple. De cette manière les clientes savent qu’elles vont trouver leur bonheur car il y a plein de styles et de prix différents.

POURQUOI JOLIS CAPRICES ?

Au départ, j’avais plein d’idées en tête et je voulais surtout quelque chose de féminin. Avec ce nom, j’avais envie de convaincre les personnes réticentes de passer à la seconde main avec une boutique cosy, chaleureuse et bien rangée. Ensuite en réfléchissant, je me suis dit que finalement lorsqu’on achète un vêtement, on se fait plaisir, c’est un petit caprice. J’y ai ajouté l’adjectif joli pour incarner cette idée de pouvoir acheter de jolies pièces tout en réalisant un beau geste pour la planète car c’est de la seconde main.

J’ai aussi beaucoup réfléchi au logo de la boutique. Au centre, il y a un cintre, qui symbolise le vêtement et tout autour un cercle avec une feuille, pour le côté écologique. De plus, le haut du cintre représente le C de Caprices et le bas, le J retourné de Jolis.

Qu’est-ce que tu aimes dans la seconde main ?

Ce qui est assez drôle, c’est que je n’achetais pas spécialement de seconde main auparavant. En ouvrant Jolis Caprices, j’ai vraiment commencé à m’y intéresser de près. Aujourd’hui, je n’achète presque plus de neuf. En plus, tous les jours, les gens m’apportent de nouveaux vêtements. Je suis la première à craquer sur les nouveautés de la boutique ! Et j’adore ce concept de dénicher de belles pièces.

J’ai d’ailleurs réussi à convaincre pas mal de personnes autour de moi d’acheter de la seconde main, dont ma mère. Lorsque je lui ai parlé de mon projet, elle se demandait si vendre ” des vêtements déjà portés ” allait fonctionner parce qu’elle ne se voyait pas le faire. Alors que maintenant, elle adore faire des achats à la boutique et a même demandé une carte cadeau pour Noël !

COMMENT TE SENS-TU MAINTENANT QUE TON PROJET A VU LE JOUR?

Je suis plutôt contente. Notamment parce que je fais plus de chiffres que ce que j’avais prévu dans mon business plan malgré le contexte du Covid. Mais aussi parce que je reçois énormément de retours positifs depuis l’ouverture. Que ce soit des commentaires sur les réseaux, des avis sur Google ou les petits mots d’encouragements de mes clientes. Tout cela me fait super plaisir et je ne regrette vraiment rien.

De plus, je me rends compte que le concept du dépôt-vente marche bien. Le marché de la seconde main est en pleine évolution et dans la métropole lilloise, il n’y a pas encore beaucoup de boutiques. Donc ça plaît et ça fait revivre l’ambiance de troc qui existait autrefois dans l’avenue de Dunkerque à Lomme, là où je me suis installée. Ma clientèle est de ce fait assez diversifiée, il y a les cinquantenaires habituées au troc, les jeunes qui découvrent la seconde main et les personnes du quartier qui viennent chaque semaine.

Quel était le regard des autres par rapport à ton projet ?

Cela dépend. Plusieurs personnes étaient réticentes et me parlaient essentiellement des risques potentiels. Sinon dans l’ensemble, j’ai eu un retour plutôt positif. Mon conjoint était très motivé et il m’a soutenu dès le début. Mes parents étaient un peu inquiets mais ils ont rapidement pris part au projet. Ce qui n’est pas étonnant puisqu’ils possédaient une imprimerie et étaient eux-mêmes entrepreneurs.

Mes amis ont été également très bienveillants. D’ailleurs avant d’ouvrir, il y avait beaucoup de travaux à faire dans le local et tout a été rénové avec l’aide de mon conjoint et de mon entourage proche.

Qu’est ce que tu retiens de cette expérience ?

J’ai toujours des moments de doute. Enfin cela dépend des jours. Quand j’ai beaucoup de monde et que je réalise pas mal de ventes, je suis très contente. Mais à l’inverse, lorsque que je n’ai presque pas de clientes pendant deux jours, je panique. Je me dit que les gens sont juste venus au début par curiosité et que je vais devoir fermer. Puis ça repart le jour d’après.

Sinon au moment de la création, j’ai tout de suite cru au projet et je me suis complètement investie. L’avantage aussi de ma formation, c’est que j’ai pu faire énormément de choses seule : le logo, le site internet, les réseaux sociaux ou encore les flyers. C’était une vraie force de venir du milieu de la communication.

Le seul point noir, c’est la pandémie. Je me suis installée dans une période un peu difficile pour les entreprises. J’ai vécu une fermeture administrative en novembre. Mais bon, je prends les choses comme elles viennent et je reste positive. Tous les jours, mon travail c’est un plaisir, une passion.

Est ce que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ? 

J’ai clairement un modèle d’entrepreneuriat assez fort dans ma famille. L’imprimerie de mes parents a été fondée par mon arrière-grand-père et se transmet de génération en génération. Leur parcours est une réelle source d’inspiration.

J’aime aussi regarder ce qui se fait dans les autres boutiques de dépôt-vente. J’ai l’impression que c’est un secteur bienveillant. Par exemple, il y a une autre boutique de seconde main qui a ouvert dans la rue plus ou moins au même moment. Cela aurait pu être décourageant ou pousser à la compétition alors que c’est l’inverse. On discute, on s’envoie régulièrement des messages et surtout on se soutient. En plus, nous n’avons pas la même clientèle, ce qui nous rend complémentaires. Je trouve inspirant de pouvoir discuter aussi librement avec les autres entrepreneur.se.s du marché.

Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?

Professionnellement, j’aimerais bien faire grandir Jolis Caprices et ouvrir d’autres boutiques, à Lille notamment. Aujourd’hui, je ne suis pas dans la zone la plus accessible de la métropole et c’est une petite surface. Quand je vois l’immense demande de dépôt de vêtements, je me dis qu’il serait tout à fait possible d’ouvrir d’autres magasins. J’aimerais aussi avoir le temps de transformer le site vitrine en site marchand.

Personnellement, avec mon conjoint nous allons nous marier au mois d’août. Et puis plus tard, peut-être fonder une famille.

Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?

Je dirais qu’il faut avoir des projets et justement ne pas avoir peur de les réaliser. De ne rien regretter et de vivre l’instant présent.

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