Le tricot, Caroline Waryn le découvre un peu par hasard alors qu’elle cherche une façon d’occuper ses mains pour arrêter de fumer. Plus qu’une activité créative, cela devient pour elle une vraie passion qu’elle a envie de partager. Un blog, un compte Instagram et des livres plus tard, Caro Tricote devient plus qu’un pseudo d’autrice et une communauté. Puisqu’en 2022, Caroline quitte son métier de professeure d’histoire-géo pour ouvrir sa boutique de patrons et de kits de broderie, tricot et crochet.
Comment as-tu commencé le tricot ?
Quand j’ai ressenti le désir d’avoir un enfant, j’ai décidé d’arrêter de fumer. Je me suis alors mise à la recherche d’une activité qui pourrait m’occuper les deux mains. Très vite, l’idée de faire du tricot est apparue.
Quand j’ai commencé à en faire, c’était difficile alors je me suis accrochée car je n’aime pas que quelque chose me résiste (rires) ! Et à force de persévérer, le tricot est devenu une réelle passion. J’aime l’idée de maîtriser la technique mais aussi de pouvoir fabriquer quelque chose de mes mains. Pour l’anecdote, une ancienne collègue, prof de français, m’avait dit un jour que quand on était prof, on ne produisait rien, en tout cas rien de visible. Et c’est vrai qu’on met des connaissances dans la tête des enfants mais on ne le voit pas. Alors qu’avec le tricot je matérialise mon travail. Cela prend vie dans mes mains.
Puis tu as créé un blog et un compte Instagram du nom de Caro Tricote ?
À l’époque j’habitais sur Cambrai où je ne connaissais personne donc je tricotais toujours seule. Donc parfois quand j’avais besoin d’aide, j’allais consulter des vidéos ou des blogs sur le sujet. Rapidement, j’ai transformé le blog de lecture que je tenais en un blog de tricot. Pour me sentir moins seule, je partageais mes astuces, mes réalisations ou encore les fils que je préférais.
Puis en 2012, j’ai créé un compte Instagram sur le tricot avec cette envie de rencontrer d’autres personnes, d’autres mamans avec qui partager ma passion.
J’ai choisi le pseudo Caro Tricote pour ce côté un peu bizarre de ” mais qu’est-ce qu’elle fait ? Elle tricote ! “. Je trouvais que ça sonnait bien et ça annonçait directement la couleur sur les réseaux sociaux.
Comment es-tu passée de la passion à la création de ton entreprise ?

Alors clairement cela n’était pas du tout prévu. Je n’ai pas commencé le tricot avec cet objectif de vendre mes créations.
En fait, au fil du temps mon blog a pris de plus en plus d’ampleur. À tel point que des marques m’ont proposé des partenariats. Comme d’un point de vue légal je ne pouvais pas travailler avec elles sans un statut d’auto-entrepreneur, j’ai créé mon auto-entreprise.
Pendant très longtemps j’ai travaillé pour des marques, tout en exerçant mon métier de professeur d’histoire-géo. Puis un jour j’en ai eu assez de produire du contenu pour les autres. Et je me suis aussi rendue compte que ce que les autres faisaient, je pouvais le faire.
Alors je me suis posé la question de ce que je pouvais proposer. Au début, je me suis dit pourquoi pas des kits de tricot. Mais je n’étais pas convaincue. Alors j’ai eu l’idée de proposer des patrons de broderie sous forme de cartes avec un joli papier. J’ai mis quelques modèles sur mon blog et dans l’heure qui a suivi la mise en ligne, j’ai tout vendu ! En même temps j’avais déjà une belle communauté sur le blog et sur Instagram. Finalement j’étais ma propre influenceuse.
Donc en avril 2022 j’ai décidé de me lancer à plein temps dans l’aventure Caro Tricote. Avec cette envie de proposer des patrons de broderie ainsi que des créations en tricot et au crochet.
Tu as écrit plusieurs livres aussi ?
Oui en effet ! Quand j’ai fini par bien maîtriser le tricot et le fonctionnement de la création textile, l’écriture d’un livre est vraiment devenue un but ultime. Mon passé de littéraire me faisait penser que j’atteindrais le St Graal quand j’aurais écrit un livre (rires) !
Sur le site de la maison d’édition Eyrolles, on pouvait envoyer un mail si on avait un projet de livre. Chose que j’ai faite un peu comme si j’envoyais une bouteille à la mer. Le lendemain j’avais le retour d’une éditrice qui en fait me suivait sur Instagram ! Elle m’a demandé de présenter un document qui serait soumis au comité éditorial. Panique à bord, je n’avais rien préparé du tout ! J’ai bossé toute la nuit et j’ai rendu un PDF qui donnait l’impression que je travaillais sur ce projet depuis 5 ans (rires) ! Et elle a dit oui !
J’ai été transportée dans la spirale de l’écriture, la création de patrons et surtout la relecture. En octobre 2017, presqu’un an après le fameux mail, mon premier livre est sorti. Comme c’était un livre de crochet, mon éditrice m’a proposé de faire dans la foulée un livre sur la broderie. Comme j’étais entraînée à la relecture, j’ai dit oui. Une expérience géniale mais épuisante alors quand on m’a proposé d’en écrire un troisième, j’ai dit que je ferais d’abord un troisième enfant (rires) !
Ce que j’ai fait ! Après la naissance de ma fille, je me suis lancée dans l’écriture du troisième livre. Et aujourd’hui, il y a le quatre, le cinq et le six en route. Et je parle bien de livres, pas d’enfants (rires )!
Comment crées-tu tes patrons ?
Alors tout vient de mon imagination. Parfois l’inspiration est là et d’autres fois non. Il y a des jours où je suis totalement bloquée et des nuits où j’ai mille idées en tête. J’ai souvent des idées sous la douche ou dans la voiture. En fait c’est lorsque je ne peux pas créer que les idées créatives viennent…
Récemment j’ai été assaillie par une envie de motifs très colorés dans une ambiance folk. C’est un nouveau produit qui arrive bientôt en boutique.
Comment concilies-tu ta vie de maman à ta vie d’entrepreneuse ?

C’est compliqué ! Des fois je me dis que si j’étais un homme, je ferais plus, plus vite et plus facilement. Notamment parce qu’en étant à mon compte, je suis la chargée des affaires familiales et domestiques. Comme je ne rends pas de compte à un.e supérieur.e, c’est moi que l’on appelle spontanément, que ce soit pour l’école ou le plombier. Être maman de trois enfants et cheffe d’entreprise est loin d’être simple. Il faut faire comprendre à son entourage qu’on travaille autant qu’un.e salarié.e voire plus car on a pas de congés payés. Ce n’est pas parce qu’on bosse depuis la maison qu’on ne travaille pas !
Quel est le regard des autres par rapport à ton savoir-faire ?
Je pense qu’il y a eu beaucoup de doutes. L’entourage proche, notamment les parents, qui pensaient que c’était une lubie. Mais finalement, comme le dit Snoop Dog (rires), la première personne que l’on doit remercier c’est soi-même. En fait, dans les remerciements de mes livres, j’aurais dû me mettre à la première ligne car j’en avais bavé pour les écrire !
Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?
Alors la grande nouveauté c’est l’ouverture de ma boutique/atelier dans mon village à Sailly-lez-Lannoy. Sinon j’aimerais consolider ma boutique en ligne et devenir une référence en kits de loisirs créatifs. J’aimerais aussi me réapproprier mon positionnement en tant que Caro Tricote car ces derniers temps j’ai fait beaucoup de broderie alors que je ne veux pas devenir Caro Brode.
Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations
Vas-y fonce !