Audrey coindeau, fondatrice de We are Ipsé

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Ancienne chef de projet événementiel en freelance et accompagnatrice de voyage business, Audrey a toujours eu le goût de la liberté et du challenge. La preuve, lorsque le COVID est arrivé, elle n’a pas attendu longtemps pour partir en quête d’un nouveau projet. Entre formation, questionnement et l’envie de faire bouger les choses, elle a donné naissance, en 2021, à We are Ipsé, une marque skin positive de soins naturels pour le visage. 

Quel a été ton point de départ ? Ton déclic ?

En fait l’année du Covid était censée être la meilleure dans ma carrière de freelance. J’avais plein de missions prévues. Mon agenda était plein et c’était la première fois que cela m’arrivait. Puis en mars tout s’est arrêté d’un seul coup…

Heureusement j’ai rebondi tout de suite ! Je n’ai pas attendu de voir ce qui allait se passer. Notamment parce que rapidement l’événementiel s’est organisé autour du digital avec les visios. Sauf que cela ne m’intéressait pas. Ce que j’aimais dans mon métier, c’était l’humain et le contact. Donc rapidement j’ai commencé à réfléchir à faire autre chose.

Pendant le confinement, je me suis mise à fabriquer des savons artisanaux, parce que j’étais déjà dans une démarche zéro déchet et parce que j’avais le temps. Et j’ai adoré créer un produit de A à Z de mes mains. Avec des couleurs, des odeurs et des formes différentes. Pouvoir allier la créativité, le jeu à l’utile. C’était très gratifiant car cela changeait de l’événementiel où tout est éphémère. Sans oublier qu’en utilisant ces savons, j’ai fait beaucoup de bien à ma peau. Fini la peau de croco ! À partir de ce moment, j’ai eu envie d’en faire mon nouveau métier. De fabriquer et de vendre des savons artisanaux. Mais après une petite étude de marché et une réflexion approfondie, je me suis rendue compte que cela ne me ressemblait pas. Est-ce que je voulais fabriquer les savons ou plutôt les vendre ?Compliqué de faire les deux en même temps. D’autant plus que le marché devenait saturé. Il me fallait une autre idée…       

J’étais déjà assez passionnée par le monde de la cosmétique et du skincare. D’ailleurs, j’avais une petite chaîne Youtube où je parlais de ma routine beauté. Mais avec les savons, j’ai découvert l’univers du naturel, du bio. Et notamment des huiles végétales dont je suis tombée amoureuse. Au cours de mes recherches et réflexions, j’ai découvert une formation en cosmétique dans le sud de la France. C’était le début de l’aventure We are Ipsé.  

 En quoi consistait cette formation ?

Alors j’en ai fait deux. Une première, qui dure trois mois, sur la création d’une marque. On y apprend comment faire une étude de marché, où se positionner en tant que marque. Et une autre vraiment basée sur la formulation des produits, les typologies de peau, de cheveux, les ingrédients naturels etc. C’était très intense mais j’y ai énormément appris.  

Notamment que le marché de la cosmétique et du skincare est en constante évolution. En moyenne, il y a cinq nouvelles marques créées par jour ! Alors comment se démarquer ? J’ai réfléchi, farfouillé un peu partout. Puis j’ai découvert la taxe rose, un produit pour femme sera plus que cher que son équivalent pour homme. Je n’y avais jamais prêté attention et je me suis dit qu’à notre époque c’était quand même fou de se dire qu’en tant que femme, on me vend tout un marketing avec des pubs et des égéries. Résultat, ce coût se répercute sur le prix du produit et je paye la publicité qui m’a fait acheter le produit ! Contrairement à un homme…  

De là j’ai fait un pas de côté et je me suis dit que je ne voulais pas fonctionner de cette manière avec ma marque. Surtout que les dermatologues l’ont montré : il n’y a que très peu de différences entre la peau d’une femme et d’un homme. Les hommes ont eux aussi la peau grasse, mixte ou sèche et ont besoin de soins. Alors pourquoi ne pas concevoir une marque de skincare mixte ou non genrée ? 

Comment es-tu passée du non genré au skin positive ?

Quand j’ai commencé à parler du projet, les gens se méprenaient. Ils pensaient que j’allais militer pour la cause lgbtqia+. Ils confondaient le non genré avec la cause. Or ce n’était pas mon intention, notamment parce que je ne suis pas légitime à le faire.

Un vrai problème de communication donc. J’avais vraiment envie d’inscrire l’inclusivité dans les valeurs de la marque. Puis j’ai découvert le mouvement du skin positive, très en vogue dans les pays anglo-saxons. Cela a tout de suite fait sens. Car au-delà du genre, nous ne sommes pas sur un pied d’égalité en termes de représentation de peau. Avec Photoshop et les filtres, on ne voit jamais tous les types de peau existants. Finalement les marques te font acheter leurs produits en vendant du complexe ! Et cela marche depuis des années. Sauf qu’à notre époque, on commence à être dans l’acceptation de soi. Et c’est ce dont j’avais envie pour We are Ipsé.    

Pourquoi We are Ipsé ? Quelles sont les valeurs de la marque ?

Alors le choix d’un nom de marque, c’est un sacré parcours. Il n’y a pas que de la créativité puisqu’il faut le choisir rapidement, qu’il soit libre à l’INPI…Donc lorsque j’étais encore sur l’idée du non genré, je voulais quelque chose de masculin et de féminin. Je me suis beaucoup informé sur le sujet et dans un article j’ai trouvé le mot “ipséité“, qui signifie “ce qui fait qu’un être est lui-même et non pas autre chose.” Tout de suite cela m’a plu. Mais le mot est plutôt compliqué à prononcer. “J’ai acheté un produit ipséité “, bof. J’ai donc regardé les déclinaisons latines et j’ai vu “Ipsé”. Cela sonne bien et c’est compréhensible dans plusieurs langues. Comme j’avais aussi envie de laisser transparaître ce mouvement du “ on est ensemble, dans le même bateau“, j’ai rajouté le ” We are “. Parce qu’après tout, nous sommes tous et toutes Ipsé.

Pour résumer les valeurs de We are Ipsé sont le skin positive, le naturel, remettre la peau au cœur de tout, sans oublier des produits créés par et pour la communauté.

Comment se passe le processus de conception des produits ?

Je vais parler de notre premier produit, le sérum Lemon Me. J’ai créé la formule dans ma cuisine grâce à mes connaissances et ma formation. D’abord j’ai sélectionné des huiles pour leurs bienfaits, leur texture, leur odeur et leur couleur. Puis je les ai testé encore et encore jusqu’à obtenir le résultat souhaité. Pour finir, il a été envoyé à un panel de testeurs.euses afin d’affiner sa formulation.

À partir de ce moment-là, l’échantillon est envoyé à un laboratoire pour la réalisation de tests et la conception du DIP (Document d’Information Produit) cosmétique afin de pouvoir procéder à la mise sur le marché.  

Sinon il y a d’autres produits en cours de réalisation. Un gel qui va de pair avec le sérum Lemon Me. Ainsi qu’un autre sérum qui est toujours en phase de formulation et qui me donne du fil à retordre !

Comment te sens-tu maintenant que ton premier sérum est sorti ?

Très franchement, j’étais très stressée et fatiguée. J’ai bien cru que le site ne sortirait jamais. Parce qu’en fait j’ai peur de l’échec et je craignais de m’auto-saboter. Je commençais à me dire ” mais ça ne va pas marcher...” pour justement me protéger au cas où cela serait vraiment un échec. D’ailleurs, je suis prête à changer aux premiers mauvais signes. J’ai cette capacité de rebond qui est géniale sauf quand elle me donne envie de modifier les choses avant qu’elles ne commencent.

Mais en même temps, j’étais super excitée de montrer le produit sur lequel j’ai travaillé depuis des mois. Avec l’équipe on a bossé d’arrache-pied pour faire le site, la vidéo de lancement, les posts sur les réseaux sociaux…On a vraiment préparé du contenu de qualité. Et puis l’idée que des personnes aient un produit We are Ipsé dans leur salle de bains est incroyable…  Néanmoins au moment de la sortie du site, c’est le grand saut…C’est à la fois fort et angoissant !    

Est-ce que tu as le sentiment de t’être trompée ?

Je dois dire que le mois de novembre a été particulièrement compliqué. En une semaine, je n’avais plus de sous-traitant, plus de troisième produit à sortir, plus d’agence pour s’occuper du marketing. Tu mets des mois à trouver des prestataires et tu n’as plus rien à trois mois du lancement…À ce moment précis, j’ai eu envie de jeter l’éponge. Tout ce que j’avais construit venait de s’effondrer. Puis certaines personnes t’encouragent, te proposent de l’aide et des solutions. Finalement quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter. Même si c’est difficile, je ne retournerais pas en arrière.

Est-ce que tu as l’impression d’être encore en train d’apprendre, d’évoluer ?

Même si avant j’étais freelance, cette aventure entrepreneuriale est nouvelle pour moi. Déjà parce que je n’avais jamais travaillé dans le monde des cosmétiques. Mais aussi parce que la structure est bien plus grande ! J’ai un comptable, une équipe de quatre personnes, un chiffre d’affaires à respecter, une stratégie commerciale à mettre en place. J’apprends tous les jours.

D’ailleurs ce qui est assez drôle, c’est qu’une fois que tu es cheffe d’entreprise, les gens pensent que tu connais tout et que tu sais tout faire. Alors que non ! Je suis cheffe d’entreprise junior. J’apprends sur le tas !

Quel était le regard des autres par rapport à ton projet ?

Alors mon conjoint est mon fan Number One. Quand je lui ai parlé du projet, il m’a dit ” fonce tu n’as rien à perdre. “. Honnêtement j’ai été bien entourée et soutenue par mon entourage. Ma belle-mère, qui travaillait avant à la CCI, m’a donné plein de conseils par exemple. J’ai eu un regard très bienveillant.

Et même si je n’avais pas eu ce soutien, je l’aurais trouvé ailleurs. Chez des amies, d’autres entrepreneuses, des réseaux ou club comme Little Big Women.

Est-ce-que tu as des modèles ? Des sources d’inspiration ?

Oui, dans le mouvement du body positive, la marque Je ne sais quoi de Louise Aubery. Elle m’a beaucoup inspirée grâce à ses vidéos sur sa création d’entreprise. Notamment sur le fait de renommer les types de peau, comme elle l’a fait pour les tailles de sous-vêtements. Chez We are Ipsé, il n’y a pas de peaux normales mais plutôt des melty skins, des shiny skins, des spicy skins et des easy skins.     

Sinon j’aime beaucoup écouter les parcours des autres entrepreneuses via le podcast ” C’est qui la boss ? “. Cela m’inspire et me donne le sentiment d’être moins seule.

Et la suite c’est quoi ? Est-ce que tu as des projets pro ? Des projets persos ?

Projet essentiel à la survie de l’entreprise : partir en vacances ! Je sais où mais pas quand, car il y a toujours beaucoup de travail à faire.

Plus sérieusement, j’aimerais avancer sur la conception d’une gamme de produits pour les peaux grasses, les shiny skin, les peaux sèches, les spicy skins et les peaux normales, les easy skins. Pour que tout le monde puisse trouver son bonheur.

Si tu jetais une bouteille à la mer, quel message te laisserais-tu pour ton toi futur ou pour les prochaines générations ?

D’abord, ” garder les good vibes ! ” Ensuite, “avec pas grand chose on peut faire beaucoup de choses quand on a de la créativité “. Et pour finir le plus important “soyez différent.e

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