Malheureusement, les violences obstétricales et gynécologiques ou VOG font de plus en plus partie du quotidien des femmes. Remarques déplacées, abus de confiance voire même agressions, elles peuvent prendre plusieurs formes et intervenir lors de n’importe quel examen. Dans ce cas, comment les reconnaître, réagir et y mettre fin ?
Non respect en tout genre
Les violences obstétricales et gynécologiques se caractérisent par des mots, des gestes ou des actes médicaux non nécessaires et/ou non justifiés. Ces comportements ne respectent pas soit les recommandations scientifiques, soit le consentement des patient.e.s, soit le cadre légal ou les trois à la fois. Dans tous les cas, on parle bien de violences car ils portent atteinte à l’intégrité morale ou physique de la personne. Malheureusement, les VOG se produisent généralement lors de consultations gynécologiques, du suivi de grossesse ou de l’accouchement. Elles peuvent se traduire par une remarque grossophobe, l’obligation d’accepter des étudiant.e.s lors d’un examen ou pire un acte chirurgical non consenti. Si chaque VOG est différente, elles sont néanmoins toutes graves et condamnables.
En effet, les professionnel.le.s de santé sont tenus de respecter un certain nombres de règles et de lois. Ainsi, le code de déontologie médicale stipule que le médecin à un devoir d’information claire et appropriée à la personne qu’il examine, soigne ou conseille. Autrement dit, il.elle doit expliquer ou avertir celle-ci avant d’effectuer un geste ou un soin. Et ce, dans n’importe quelle situation. Cette information peut être transmise par écrit, à l’oral ou à la personne de confiance désignée par le ou la patient.e. Par ailleurs, en tant que citoyen.ne.s, les médecins doivent respecter la loi en termes de discriminations, propos insultants, racistes, sexistes et homophobes. Les connaissances et l’expérience médicale sont importantes mais elles ne priment pas sur le respect et le consentement.
Alerte VOG !
Vous sortez d’un rendez-vous gynécologique et vous vous sentez très mal à l’aise ? Vous avez le sentiment de ne pas avoir été entendue ou respectée ? Surtout, ne pensez pas que vous êtes susceptible ou trop sensible. Un sentiment de profond mal-être ou de gène intense indique souvent une violence. Votre ressenti est important. Les violences obstétricales et gynécologiques ont plusieurs visages et caractéristiques telles que l’existence ou l’absence de mots ou de gestes.
C’est une VOG quand il y a :
- Des propos humiliants, moqueurs et discriminants.
- Un jugement sur votre vie, votre corps, votre sexualité et vos choix en termes de soin.
- Des commentaires sur votre apparence ou des allusions sexuelles.
- Une obligation de se dénuder complètement sans raison.
- Du chantage pour imposer un soin ou des examens.
- Des examens ou actes douloureux sans raison.
Mais c’est aussi une VOG quand il n’y a pas :
- De consentement libre et éclairé.
- De choix et de diversité de soins.
- D’anesthésie efficace.
- De prise en compte du ressenti et de la douleur.
- D’utilité médicale avérée.
- De respect du droit de la patiente.
- D’humanité et de dignité.
Je suis ou j’ai été victime de VOG
En cas de violences obstétricales et gynécologiques, la première chose à faire est de ne plus consulter le médecin en question. Même si certaines personnes minimisent les événements. Faites confiance à votre intuition et votre instinct. Bon à savoir : il existe des listes de professionnel.le.s ” safes “ qui pourront assurer votre suivi médical. Ensuite, n’hésitez pas en parler à une personne de confiance ou même à un.e psychologue. De plus, sachez que vous n’êtes pas seule. Si vous en avez besoin, vous pouvez intégrer un groupe de discussions sur les réseaux sociaux ou dans une association.
En outre, non seulement vous avez le droit à la parole mais également de signaler et dénoncer les VOG subies. Généralement, les démarches se déroulent en deux étapes : la phase pré-contentieuse et contentieuse. Effectivement, dans un premier temps, vous pouvez demander à consulter votre dossier médical ou à en obtenir une copie pour connaître et bien comprendre les faits. Dans un second temps, vous devez envoyer une lettre avec accusé de réception au cabinet ou à la maternité. Il s’agit d’expliquer les raisons de votre signalement et les réparations demandées. À partir de ce moment, soit la structure reconnaît les faits, soit elle demande une séance de médiation. Sachez que vous pouvez vous faire accompagner par un.e avocat.e ou un.e membre d’une association telle que la Fondation des Femmes.
La phase contentieuse démarre lorsque la médiation n’aboutit pas. Vous pouvez alors déposer une plainte et porter l’affaire devant les tribunaux. En fonction de la VOG, elle sera traitée au pénal, au civil, à l’ordinal ou les trois. Complexes, ces démarches sont très bien expliquées sur le blog de Marie-Helene Lahaye, une juriste et lanceuse d’alerte. À noter que vous avez la possibilité d’arrêter la procédure à tout moment car vos droits et votre bien-être passent avant tout le reste.
Photo © Anete Lusina