Précarité menstruelle : une question de santé féminine

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Loin de concerner uniquement les pays en développement, la précarité menstruelle touche de nombreuses femmes en France. Parce que le coût des protections périodiques reste élevé, elles ne peuvent pas en acheter suffisamment voire pas du tout…

Plus qu’une question économique

De nombreuses études le prouvent aujourd’hui, les règles, entre les protections périodiques et les anti-douleurs, coûtent cher. Même si le prix d’une boîte de tampons ne semble pas si élevé (et encore, cela dépend de la marque), à la longue cela pèse sur le budget des femmes. En moyenne, cent cinquante euros par an, moins en cas de flux léger mais plus en cas de règles abondantes. Si on estime qu’une femme a ses menstruations pendant quarante ans, cela fait près de six mille euros dépensés en une vie. Sans compter qu’ici on ne parle que d’une seule femme. Imaginez une famille avec trois adolescentes réglées au même moment…

Ainsi la précarité menstruelle se caractérise par des difficultés ou un manque d’accès aux protections périodiques pour des raisons économiques. Mais cela n’est pas qu’une question d’argent. En effet, les femmes ne pouvant pas se protéger correctement auront tendance à rester enfermées chez elles pendant cette période, par honte ou par nécessité. Avec à la clé un décrochage scolaire, une insertion compliquée sur le marché du travail ou un isolement. Bref une véritable exclusion économique et sociale.

Par ailleurs, la précarité menstruelle est aussi une question de santé. Ainsi pour faire face à un budget serré, les femmes vont économiser leurs protections périodiques. C’est-à-dire les garder plus longtemps ou les fabriquer avec des matériaux non adaptés et non hygiéniques. Ce qui risque de provoquer un syndrome du choc toxique.

Contrairement aux idées reçues, ce phénomène n’est pas réservé aux pays en développement. En France, cela concerne près d’1,6 millions de femmes ! Beaucoup de sans-abris mais également des travailleuses pauvres ou des étudiantes. Rien d’étonnant puisqu’en 2017, 8,9 millions de français vivaient en dessous de seuil de pauvreté dont 20% d’étudiants.

Des alternatives limitées

Depuis quelques années, l’industrie des protections périodiques se transforme avec l’émergence de solutions plus saines pour le corps et la planète. Des serviettes hygiéniques lavables aux culotte menstruelles en passant par la cup. Ces alternatives sont lavables, réutilisables et donc plus économiques sur le long terme. Sauf qu’elles n’offrent pas encore de réponses adaptées à la précarité menstruelle.

Tout simplement parce qu’il est presque impossible de laver et d’entretenir une culotte menstruelle si on vit dans la rue. Ou si les conditions sanitaires ne sont pas réunies pour le faire correctement. Or une cup mal stérilisée peut également provoquer le syndrome du choc toxique.

Au-delà de l’aspect pratique, certaines de ces alternatives coûtent cher. Le prix moyen d’une culotte menstruelle est de trente euros. Or, il en faut deux par jour soit dix pour des règles de cinq jours, soit un budget de trois cent euros. Un investissement compliqué lorsqu’on vit sous le seuil de pauvreté.

Sans oublier que ces nouvelles solutions ne sont pas toujours accessibles. Les épiceries bios commencent à proposer des serviettes hygiéniques lavables et les grandes enseignes, Monoprix ou Etam par exemple, des culottes menstruelles. Mais la plupart de ces produits sont vendus sur Internet, autrement dit inaccessibles sans ordinateur et connexion ADSL.

Que puis-je faire à mon niveau ?

La précarité menstruelle est avant tout une question de santé publique. Ainsi, il en va du devoir de l’Etat d’agir. Cependant, vous pouvez le faire à votre échelle en ouvrant le débat à ce sujet, en signant des pétitions ou en manifestant. Ce n’est pas un combat inutile. La preuve, grâce au collectif féministe ” Georgette Sand ” qui dénonçait la ” taxe rose ” en 2015, les protections périodiques sont taxées à 5,5% comme les articles de première nécessité. Une grande avancée puisqu’avant elles l’étaient autant qu’une bouteille de coca, c’est-à-dire à 20%. Alors pourquoi ne pas défendre l’installation de distributeurs gratuits de tampons et de serviettes ?

Si le militantisme ne vous tente pas, vous pouvez aider autrement. Pensez à installer une boîte de secours avec des protections menstruelles dans vos toilettes. Idem si vous êtes gérant.e de restaurant ou de bar. Ou alors proposez sa mise en place sur votre lieu de travail. De plus, si vous êtes passée aux alternatives ou en ménopause, ne jetez pas votre ancien stock. Vous pouvez en faire don au planning familial ou à des associations. D’ailleurs celle des ” Règles Élémentaires ” à mis à disposition des boîtes à dons partout en France.

Photo © Karolina Grabowska

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