Aujourd’hui, la virginité féminine est au centre de nombreux débats. Pourquoi ? Parce que la connaissance de l’anatomie féminine et la pratique d’une sexualité sans pénétration se démocratise largement. Ainsi difficile dans ce contexte de limiter la perte de la virginité à la rupture de l’hymen, d’ailleurs inexistant chez certaines femmes.
La virginité féminine : une définition simpliste
Pour les hommes et les femmes, être vierge c’est tout simplement ne pas avoir connu de relations sexuelles. Cependant, la virginité féminine semble plus complexe puisqu’elle se traduirait par un hymen intact. C’est cette petite membrane percée, située à l’entrée du vagin, qui laisse le sang des menstrues s’évacuer. Ainsi, les femmes perdraient leur virginité au moment où un pénis provoquerait la rupture de l’hymen.
De plus, certaines cultures et religions ajoutent un peu de mysticisme à cette définition “médicale “. En effet, l’hymen serait un symbole d’innocence et de pureté, parfois nécessaire au mariage. Un peu comme un gage d’amour que le preux mari gagnerait dignement.
Mais peut-on vraiment limiter la virginité féminine à la perte ou non d’une membrane ? Ne devrait-on pas aller au-delà de cette construction sociale de la virginité et de la défloraison ?
Absurde défloraison
Inutile de faire durer le suspens car oui il est temps de faire descendre l’hymen de son piédestal ! D’abord parce que toutes les femmes ne sont pas pourvues de cette membrane. En effet, certaines naissent sans hymen. Or, si on se fie à la définition simpliste de la virginité féminine cela signifierait qu’elles ne seraient plus vierges dès la naissance. Absurde non ?
De plus, de forme et d’épaisseur variable, cette membrane est différente d’une femme à l’autre. Tout comme la vulve d’ailleurs. Ainsi, chez certaines femmes, l’hymen est si souple qu’il ne se rompt pas lors de la pénétration. Seront-elles alors vierges toute leur vie ? Cela n’a pas de sens !
Par ailleurs, si l’hymen peut être très souple, il peut également être plus serré. Celui-ci peut alors se rompre lors d’activités sportives plus ou moins intenses telles que la gymnastique ou l’équitation. L’introduction d’un objet, un tampon par exemple, peut aussi provoquer sa déchirure. Dans ce cas précis, doit-on considérer que la femme a perdu sa virginité suite à une relation platonique avec une protection périodique ? Sûrement pas !
Pas de sexualité sans pénétration ?
Hymen, mis à part, se limiter à cette définition de la virginité est très réducteur. Notamment parce que cela voudrait dire que tout ce qui se passe avant la pénétration vaginale ne fait pas partie de la vie sexuelle. Que quand bien même les femmes auraient pratiqué du sexe oral ou de la masturbation en duo, elles ne seraient pas sexuellement actives.
D’ailleurs, cette sacralisation de la première pénétration se traduit aussi par l’existence d’une seule et unique première fois. Comme si celle-ci annulait toutes les autres découvertes de la sexualité.
En outre, qu’en est-il pour les femmes homosexuelles ? Il semble difficile de considérer qu’elles seraient vierges toute leur vie juste parce qu’elles n’ont pas connu de pénétration vaginale par le biais d’un pénis. Si elles font l’amour avec leur partenaire, c’est qu’elles ont entamé leur vie sexuelle.
Et la tête dans tout ça ?
Cette construction sociale de la virginité féminine est aussi problématique d’un point de vue psychologique. Tout d’abord, parce que la perte de l’hymen et donc la première fois sont associées à du sang et à la souffrance. Or, s’il semble logique de perdre un peu de sang, ce n’est pas le cas pour la douleur. Les relations sexuelles ne sont pas censées faire mal. En apprenant aux jeunes filles que la première pénétration est quasiment toujours douloureuse, on normalise le sexe sans plaisir ou pire. Alors qu’il existe mille et une façon de rendre la première fois agréable et de réduire la déchirure de l’hymen à une simple gène.
De plus, cette définition de la virginité féminine est source d’angoisse pour de nombreuses femmes. Certaines adolescentes n’osent pas se masturber par peur de perdre leur virginité. Tandis que quelques femmes ont recours à la chirurgie pour reconstruire leur hymen ! Sans compter sur la dépréciation totale de la virginité masculine. Alors que beaucoup de jeunes hommes accordent une grande importance à leur première fois.
Finalement, ne faudrait-il pas abandonner cette notion de virginité féminine pour ne parler que de première fois. Et pas d’une seule et unique mais plutôt de plusieurs. Il y aurait ainsi la première caresse, la première pénétration, le premier orgasme, le premier jeu de rôle…et bien d’autres encore.