Si la grossesse est un moment de bonheur, elle aussi synonyme de nombreux maux et interdits. Entre les nausées, les douleurs mammaires et la rétention d’eau, il faut aussi jongler avec les recommandations médicales. Aliments à risques, épices ou plantes, difficile de savoir parfois ce que l’on peut consommer. Grossesse et phytothérapie : on fait le point…
L’importance de l’avis médical
Qui dit grossesse dit liste des choses à ne pas boire ou manger. Effectivement certains aliments sont interdits ou fortement déconseillés soit parce qu’ils peuvent altérer le développement du foetus soit parce qu’ils peuvent provoquer une fausse couche. C’est le cas notamment des aliments avec un risque de toxoplasmose, listeria ou salmonellose. Pour les plantes il existe également de nombreuses contres-indications.
Mais avant de faire une liste ou de vous poser la question si, oui ou non, vous pouvoir boire cette tisane, la première chose à faire est de consulter un.e professionnel.le de santé. Sur cette question de grossesse et phytothérapie, votre gynécologue ou sage-femme doit être votre principal.e référent.e. Déjà parce que sur internet, on trouve beaucoup de réponses différentes. Mais aussi parce que votre sage-femme connaît vos antécédents médicaux et votre état actuel de santé. Bien sûr, rien ne vous empêche de demander conseil à un.e naturopathe ou un.e phytothérapeute. À condition que cela ne remplace pas une consultation médicale. Maintenant que les bases sont posées, voici quelques indications qui vous éviteront de vous torturer l’esprit.
Grossesse et phytothérapie : les plantes interdites
Si certaines plantes sont déconseillées car leurs effets sur la grossesse sont encore méconnus. D’autres sont interdites en raison de leur action sur le corps de la femme enceinte.
Les plantes hormones-likes
Idéales pour soulager les douleurs menstruelles ou les symptômes de la ménopause, les plantes dites hormones-likes ou œstrogènes-likes ne doivent pas être consommées pendant la grossesse. Effectivement celles-ci miment l’action des hormones ou vont favoriser leur production. Or lorsqu’on est enceinte, le corps est déjà soumis à une forte fluctuation hormonale : entre oestrogènes, progestérone et HCG. Ces dernières contribuant au bon développement du foetus, il est important de ne pas consommer de plantes capables d’interférer avec leur production.
Ainsi les femmes enceintes ne doivent pas boire de tisanes à base d’alchémille, de gattilier, de sauge, d’houblon, de trèfle rouge ou encore d’angélique chinoise.
Régulateur du cycle et tonique utérin
Dans le même registre, les plantes emménagogues c’est-à-dire qui favorisent l’arrivée des règles, et qui tonifient l’utérus, sont interdites. Rien d’étonnant puisque leurs actions peuvent provoquer des accouchements prématurés voire des fausses couches.
En cas de grossesse, on range donc les tisanes contre le SPM ! Surtout si elles contiennent de l’achillée millefeuille, de l’agripaume, de l’armoise commune, de l’estragon, de la sauge, du shatavari ou de l’absinthe. Bon à savoir : les feuilles de framboisier sont aussi interdites pendant la grossesse sauf les derniers jours où elles peuvent faciliter l’accouchement.
Grossesse et phytothérapie : les plantes fortement déconseillées
Après les plantes interdites pendant la grossesse viennent celles qui sont largement déconseillées parce qu’elles peuvent agir sur le foetus, favoriser des crampes ou tout simplement aggraver certains symptômes.
Circulation sanguine et laxatifs
La plupart des femmes enceintes souffrent d’une mauvaise circulation sanguine. En effet la forte production hormonale dilate les veines, les fragilise et contribue à la stagnation du sang. Ainsi, il parait plutôt logique d’éviter les plantes contre-indiquées en cas de troubles de coagulation sanguine ou de tension artérielle. Telles que l’angélique chinoise, l’églantier (ou cynorrhodon) ou le gingko biloba.
Côté digestion, même si la constipation est un des maux de la femme enceinte, il vaut mieux éviter les plantes dites laxatives. Ou celles qui auraient pour effets secondaires l’irritation des intestins. Notamment parce qu’elles peuvent provoquer des spasmes ou des contractions de l’utérus. Dans cette catégorie on retrouve la guimauve, l’aloès, la bourdaine, la cascara, la rhubarbe de Chine et le séné.
Une stimulation modérée
Les adeptes de la caféine le savent, lorsque l’on est enceinte tout est une question de modération. Le même conseil s’applique si l’on souhaite associer grossesse et phytothérapie. Ainsi il est conseillé de pas consommer, ou très peu, de plantes stimulantes avec des molécules ou des propriétés similaires au café. Au risque de générer de la nervosité, des palpitations et des maux de tête. Donc on met de côté les tisanes à base de maté vert, de guarana ou de noix de kola.
Les plantes adaptogènes qui favorisent la résistance au stress, telles que la rhodiola ou le ginseng sont aussi à éviter. Tandis que celles qui disposent de propriétés anxiolytiques ou anti-dépressives, comme le coquelicot ou l’eschscholtzia, sont à ranger au placard tout au long de la grossesse. Notamment parce qu’elles pourraient avoir un impact non négligeable sur le développement du foetus.
Quelles plantes pendant la grossesse ?
Ce qui est complexe sur le sujet de la grossesse et phytothérapie, c’est le peu voire l’absence de résultats cliniques. En effet, les plantes sont déconseillées de manière générale car on ne connait pas leur innocuité. C’est pourquoi les professionnel.le.s de santé misent avant tout sur la prudence.
Difficile donc de trouver des plantes qui ne sont pas accompagnées de la mention ” contre-indiqué chez la femme enceinte et allaitante “. Cependant, il existe quelques exceptions pouvant s’avérer utiles au quotidien. C’est le cas du thym ou du serpolet capables d’apaiser la toux. Du gingembre qui atténue les nausées, de la mauve qui contribue au bon transit. Et pour finir de la fleur d’oranger et de la mélisse qui favorise l’endormissement.
Malgré tout, avant de consommer n’importe quelle plante, il convient de faire attention à leur provenance et à leur dosage. Ce n’est pas parce que la mélisse est une de rares autorisées, qu’il faut en boire des litres ou fermer les yeux sur la façon dont elle est cultivée ou conservée.
Photo ©Matilda Wormwood