Charge sexuelle: quand la sexualité devient une corvée

charge sexuelle
4.3/5 - (3 votes)

Désir, contraception et MST : la sexualité c’est à la fois génial et compliqué. Jouissive quand on prend son pied, elle peut rapidement devenir une corvée. Surtout si on est seul.e dans le couple à s’en préoccuper.

Un combo tout sauf gagnant

Véritable tannée, la charge sexuelle est le fruit de l’union de la charge mentale et de la charge émotionnelle. Elle se traduit non seulement par la gestion de la santé sexuelle et reproductive mais aussi par le souci permanent du plaisir et du désir de l’autre. Et malheureusement, ce sont encore les femmes qui sont le plus touchées par cette charge et notamment dans les relations hétérosexuelles.

Dans notre société, la sexualité devient très vite une affaire de femmes. Notamment quand il ne s’agit pas de plaisir féminin. D’un côté les publicités, les films et les chansons montrent les femmes comme des objets de désir et d’un autre côté, le milieu médical les désigne comme seules responsables des grossesses non désirées et des MST. Les femmes cherchent alors à tout prix à être désirées et à entretenir le désir de leur partenaire sans se soucier du leur. De plus, elles se retrouvent très souvent contraintes de gérer seule tout suivi médical et gynécologique.

Entretenir la flamme coûte que coûte

Depuis l’adolescence, les femmes sont poussées à “s’entretenir” pour entretenir le désir d’un, potentiel ou non, partenaire. Peau et cheveux soyeux, épilation parfaite ou encore lingerie fine. Tous les moyens sont bon pour paraitre désirable et être au top le moment venu. Si toute cette préparation est stimulante et éveille le désir, pas de soucis. Cependant, cela peut devenir une vraie contrainte si elle réalisée dans le seul but de faire plaisir à l’autre. La charge sexuelle commence là ou s’arrête la prise en compte de sa propre envie.

Pour certaines femmes, cette charge est amplifiée lorsqu’elles sont les seules à essayer de pimenter la vie sexuelle de leur couple. Parce qu’elles ont le sentiment de devoir absolument satisfaire leur partenaire, elles cherchent des solutions à tout prix. Cette recherche est source d’anxiété et de questionnement à cause de ce double standard de la vierge et de la putain. ” Si je n’en fais pas assez, je suis une coincée ” mais en même temps “si j’en fait trop, je suis une trainée ” ! Résultat : leur propre libido est au point mort. Heureusement qu’il existe certains “outils” comme les oeufs de yoni qui permettent de renouer avec le désir mais surtout avec ses émotions !

Chérie j’ai joui, c’est fini

La charge sexuelle concerne le désir mais aussi le plaisir. Aujourd’hui encore, l’idée selon laquelle un rapport sexuel est terminé lorsqu’il y a eu éjaculation est très présente. Et ce quand bien même la femme n’aurait, elle, pas joui. Alors oui, c’est vrai que le sexe peut être plaisant sans orgasme. Néanmoins, si cette situation est répétitive, elle peut être très frustrante. Surtout quand il s’agit d’oublier son plaisir au profit de celui de son partenaire.

Si les hommes posent parfois cette fameuse question “T’as joui ? “, cela est rarement constructif. Soit parce qu’ils n’écoutent pas vraiment la réponse, soit parce que les interrogées n’osent pas dire la vérité. La charge sexuelle résulte de ce manque de communication et de compréhension du plaisir. Beaucoup de femmes minimisent et intériorisent leur insatisfaction sexuelle. Pire, elles penseront qu’elles ont sans doute un problème et chercheront un moyen pour arranger cette situation. Bref, un véritable cercle vicieux.

Des contraintes non partagées

Dès le collège, la sexualité est abordée à travers deux axes : la grossesse et les MST. Filles et garçons sont préparé.e.s aux risques et donc à la nécessité d’un moyen de contraception. Pourtant, à l’âge adulte, la majorité des femmes gèrent seules ces deux aspects. Elles prévoient, elles prennent et elles payent la contraception. Cela peut paraître anodin mais il s’agit bien d’une charge supplémentaire. Si on prend l’exemple de la pilule : il faut penser à prendre rendez-vous chez un médecin, passer à la pharmacie et prendre son comprimé tous les jours. Sans compter les effets indésirables potentiels : perte de libido et sécheresse vaginale. Non partagée, la gestion de la contraception est source d’angoisse. En effet, le ” je te fais confiance ” peut vite se transformer en ” c’est de ta faute…”.

La charge sexuelle n’est pas qu’une question de contraception. Elle résulte également d’une gestion unilatérale du suivi médical et gynécologique. Les frottis et autres joyeusetés sont très souvent gérés et gardés secret par les femmes alors qu’il s’agit d’une question de santé qui concerne les deux parties d’un couple. Idem pour certains maux du quotidien, comme les mycoses vaginales. Combien de femmes se sentent gênées, coupables et se dépêchent de prendre un traitement sans en parler à leur conjoint ? Alors que justement pour éviter une récidive, il faut également traiter son partenaire…

Communication et partage

La clé d’une sexualité épanouie ? La communication et le partage ! Pour faire l’amour, il faut être deux. Alors pourquoi ne pas appliquer ce concept à tous les aspects de la sexualité. Si la charge sexuelle pèse sur vos épaules, parlez-en ouvertement à votre conjoint et essayez de trouver une solution ensemble.

Le lâcher-prise peut être un bon début. Le combo ticket de métro et guêpière n’est pas une nécessité à chaque rapport. Surtout si cela ne vous fait pas envie. De plus, n’ayez pas peur d’oser dire ce qui vous a plu ou ce qui vous a déplu.

Le partage ne concerne pas seulement les sentiments et les sensations. Un bébé se fait à deux et donc la contraception se prend à deux également. Il ne s’agit pas de faire avaler la pilule à votre partenaire mais plutôt de partager son coût ou de trouver un moyen de contraception qui vous conviennent à tous les deux.

Photo ©Valeria Boltneva

C’est quoi la charge sexuelle ?

La charge sexuelle est la gestion exclusive de la santé sexuelle et reproductive mais aussi le souci permanent du désir et plaisir de l’autre au détriment du sien.

Comment mettre fin à la charge sexuelle ?

– Lâcher-prise et écouter d’abord ses envies avant celle de son ou sa partenaire.
– Communiquer sur ce qui vous pèse et ce que vous avez envie de changer.
– Partager le coût de la contraception ou en trouver qui convienne aux deux partenaires.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vous aimerez aussi